Invité au deuxième Sommet Russie-Afrique des 27 et 28 juillet, à Saint-Pétersbourg, par son homologue, Vladimir Poutine, le président de la République du Cameroun, Paul Biya, s’était, pour la première fois, rendu en territoire russe. Alors qu’il espérait probablement obtenir une remise sur la dette de son pays, le dirigeant camerounais n’aura visiblement pas su convaincre le patron du Kremlin, pas très enclin à accorder cette faveur aux pays africains n’en présentant pas le besoin. En effet, d’après une mission réalisée par le FMI au mois de mai, l’économie camerounaise continue de progresser en dépit de l’incertitude des environnements international et domestique, et devrait franchir la barre des 4% cette année, soit, une hausse de 0.6 point par rapport à 2022.
Néanmoins, le locataire du palais d’Etoudi se serait entendu avec son hôte sur le renforcement de la coopération militaire entre Yaoundé et Moscou. On se souvient des accords militaires qui avaient été signés entre les deux capitales en avril 2022, provoquant de vives critiques de la part du monde occidental redoutant que la milice paramilitaire russe, Wagner, n’en profite pour asseoir sa présence en Afrique centrale. Pourtant, plus d’un après, il n’en est toujours rien. Le Cameroun ayant, au contraire, été en mesure de pousser le mouvement des sécessionnistes ambazoniens dans ses derniers retranchements. Le mérite en revient à l’armée camerounaise, mais, personne n’oublie l’appui technique des Russes.
Cela dit, si le gouvernement camerounais s’efforce de ne pas se réjouir de sa totale mainmise sur les sécessionnistes, c’est bien à cause de l’inquiétant contexte sécuritaire qui prévaut dans le Sahel, et dont les implications pour le reste de l’Afrique sont réelles. L’ayant bien compris, Paul Biya a abordé le sujet avec Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, d’où la participation de Joseph Beti Assomo à la 11ème Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, qui se tient, en ce moment, du 14 au 20 août 2023.
En compagnie de ses pairs étrangers de la Défense nationale, le ministre délégué camerounais en charge de la Défense a soutenu que la Russie avait un rôle majeur à jouer dans le domaine sécuritaire en Afrique, notamment, avec l’intérêt de plus en plus marqué à l’international pour ses ressources naturelles, tout en espérant que d’autres nations africaines suivront la voie du Cameroun pour un approfondissement des accords militaires avec le Kremlin.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)