Fin novembre, les autorités camerounaises ont annoncé une réouverture partielle de la frontière longue d’environ 400 km, qui sépare la région camerounaise de l’Extrême-Nord du Nord-Est nigérian, principale base arrière de la secte Boko Haram.
Pour défier l’autorité de l’Etat du Cameroun, Boko Haram a, immédiatement, attaqué une position de l’armée camerounaise dans cette région, par surprise, tuant six soldats et un civil, avant de disparaître, la queue basse, dans la forêt de Sambisa. Mais, sans se laisser démonter, le Cameroun a déroulé son plan de reprise des activités dans le secteur, comme il l’avait prévu, conscient de la faiblesse, désormais, manifeste de la secte. Avec cette réouverture de toute la frontière entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad, ce sont les activités économiques, dans l’ensemble, qui vont reprendre. C’est toute cette zone qui va revivre comme avant la survenue de la secte.
La Force régionale de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT) (notre photo lors de sa constitution) à laquelle participent les trois pays, est, totalement, opérationnelle, avec à sa tête, le général de division nigérian, T. Buratai. Forte de 8.500 hommes, elle complète le dispositif propre à chaque pays, qui n’est pas, non plus, négligeable. Côté Cameroun, par exemple, c’est le BIR (Bataillon d’intervention rapide) d’une redoutable efficacité, qui a réussi à remettre de l’ordre dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Résultat : Boko Haram n’a jamais réussi à occuper un cm² du territoire camerounais, malgré son fervent désir de créer un califat entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad. C’est le même BIR qui avait mis hors d’état de nuire les fameux pirates du Golfe de Guinée, qui réussissaient à semer la terreur dans les eaux du Nigeria, du Cameroun et de la Guinée équatoriale. Aujourd’hui, on ne parle plus d’acte de piraterie maritime dans cette partie de l’Afrique. Grâce au BIR, en grande partie. C’est dire que rien n’a été négligé, sur le plan militaire et donc financier, pour éradiquer cette vermine. La peur a, littéralement, changé de camp depuis qu’il ne se passe plus de jour sans qu’il y ait désertion d’anciens membres de Boko Haram. Souvent, des renseignements qu’ils livrent aux trois armées, permettent d’organiser des opérations de ratissage efficaces, en vue de l’anéantissement de la nébuleuse.
Lors d’une réunion bilatérale sur la coopération transfrontalière tenue lundi et mardi, à Yaoundé, les autorités du Nigeria et du Cameroun ont insisté sur la nécessité de consolider et de formaliser ces échanges. Ainsi, envisage-t-on une nette reprise des échanges entre le Cameroun et le Nigeria en 2017. Il faut rappeler que le Nigeria est le deuxième fournisseur du Cameroun juste après la Chine. On pourrait même dire qu’il est en pole position par rapport à la Chine car toutes les transactions ne sont pas formalisées par les douanes des deux pays. Il existe beaucoup trop de contrebande et l’économie souterraine entre les deux pays a, encore, de beaux jours devant elle. Les deux parties ont, également, validé le principe de la gestion concertée de la frontière entre les deux pays. Dorénavant, les soldats nigérians n’auront plus de problème pour poursuivre des éléments de Boko Haram sur le territoire camerounais, et vice versa. On se souvient que la nébuleuse s’était beaucoup servie de cette restriction pour se développer, il y a quelques années, ce qui ne manquait pas d’envenimer les relations entre Yaoundé et Abuja.
Des recommandations ont, aussi, été faites en vue de la mise en place d’un modèle de gestion concertée des ressources transfrontalières incluant la création de marchés locaux communs. Bref, malgré la présence résiduelle de Boko Haram, notamment, dans la forêt de Sambisa, le Cameroun, le Nigeria et le Tchad, prennent le pari (gagnant) de relancer les activités commerciales, agricoles, halieutiques, et autres, entre les trois frontières.