Il n’y a pas qu’Emmanuel Macron qui soit en difficulté en cette fin d’année 2024. Son allié du Canada, Justin Trudeau, est, également, sous forte pression, même si ses problèmes sont loin d’être comparables à ceux du président français, qui ne connaît de répit ni dans l’Hexagone ni en dehors. Le premier ministre canadien a échappé à une troisième motion de censure, la seconde déposée contre lui depuis le mois de septembre, qui n’avait récolté que 120 des 169 votes requis.
Malgré sa fébrilité sur de nombreux sujets tels que le pouvoir d’achat, le coût du logement, l’éducation, le travail, son principal opposant, Pierre Poilièvre, n’a pas réussi à renverser son gouvernement libéral lors d’une ultime tentative, bien qu’il ait pu grappiller 32 votes de plus par rapport à la précédente. Cette progression à 152 voix devrait, néanmoins, être une source d’anxiété pour le chef du parti des Libéraux dont la popularité tend vers l’extinction.
Pour ne rien arranger à cette situation domestique propre au Canada, Donald Trump a promis de fixer des droits de douane de 25% avec son voisin du nord. Vu que l’économie canadienne est très dépendante de ses exportations vers les Etats-Unis, une telle mesure entraînerait son effondrement sans transition. Trudeau, qui n’a toujours pas répondu à Trump, doit, également, composer avec une nouvelle provocation du milliardaire américain sur son réseau social, Truth.
Dans son message, le futur locataire de la Maison Blanche a qualifié le Canada d’être le 51ème Etat des Etats-Unis et Justin Trudeau d’en être le gouverneur. Des sous-entendus qui ont fait les choux gras de la presse canadienne. Pierre Poilièvre et son parti des Conservateurs n’en demandaient pas mieux, eux qui attendent avec impatience un faux pas du premier ministre pour faire basculer le parlement en leur faveur, à l’issue d’élections législatives anticipées.
Selon le calendrier électoral, celles-ci sont prévues pour octobre 2025. Mais au regard de l’évolution diamétralement opposée de la popularité de Poilièvre et de Trudeau, il serait plus qu’illusoire de penser que le gouvernement libéral puisse tenir jusqu’à cette échéance. Cela aurait probablement été possible sans le retour de Trump aux affaires. A quand donc, une fois de plus, l’arrivée d’un parti radical aux commandes d’une grande puissance occidentale ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)