En se rendant au Mali et au Burkina Faso le 30 mai dernier, comme il l’avait annoncé lors de sa campagne électorale, Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président démocratiquement élu du Sénégal, a rempli sa promesse de tenter de convaincre les membres de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) de revenir dans le giron de la CEDEAO. Il faut ajouter qu’en participant à son investiture, début avril, le président en exercice de la CEDEAO, le président du Nigeria, Bola Tinubu, lui en aurait, à nouveau, parlé, montrant l’inquiétude du principal responsable de cette organisation sous-régionale, de voir trois pays, coup sur coup, la quitter, pour des raisons politiques.
Lors de sa cérémonie d’investiture, le dirigeant sénégalais avait instruit aux organisateurs de lancer une salve d’applaudissements à l’annonce par le speaker de la présence dans la salle des dirigeants et représentants des pays africains actuellement en phase de transition.
Mais, malgré cet appel du pied largement commenté par la presse internationale, Bassirou Diomaye Faye n’aura pas réussi la mission assignée par Bola Tinubu. En effet, ce dernier espérait que la voix de son jeune homologue puisse être entendue par les présidents de transition du Mali, Assimi Goita, et du Burkina Faso, Ibrahim Traoré.
Hors, ces derniers, à l’instar du président nigérien de transition, Abdourahamane Tiani, s’attèlent, depuis des mois, à accélérer leur intégration au sein du Bloc qu’ils ont récemment créé. Faire marche arrière maintenant serait un non-sens absolu au vu de la détermination affichée par eux dans leurs discours nationalistes.
Ce que Dakar aurait à la limite pu faire, c’était de consulter Ouagadougou, Bamako, Niamey et Conakry sur les potentielles mesures à adopter au niveau de l’instance ouest-africaine, en vue de la rendre plus représentative des intérêts des nations et des populations la constituant.
Le président sénégalais devrait profiter du fait qu’il a l’oreille de son homologue nigérian et actuel président de la CEDEAO, pour initier ce processus, réclamé en vain par les Africains, et sans lequel l’instance sous-régionale sera toujours vue comme un outil d’ingérence extérieure (plus précisément française).
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)