Selon le président du Nigeria et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Bola Tinubu, les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso continuent d’être travaillés au corps pour retrouver le bercail. Mais, selon ces derniers, c’est peine perdue, Bola Tinubu ayant montré sa soumission à l’ordre colonial français, qui voulait défaire le pouvoir du général-président du Niger, Abdourahaman Tiani.
Lors d’une réunion avec les chefs d’état-major de la CEDEAO, vendredi, 9 août, à Abuja, le président, Bola Tinubu, a indiqué que « nous avons à cœur de veiller à ce que la sécurité soit renforcée et que le gouvernement constitutionnel soit défendu et promu dans notre région. Ce mandat a été difficile pour moi depuis que trois membres ont indiqué leur départ. Nous allons travailler dur pour les persuader de revenir, quelle que soit la manière. Personne n’est plus intelligent que le groupe de têtes qui se trouve ici. Nous ferons tout pour leur tendre la main et leur donner des raisons de revenir vers nous ».
Bola Tinubu est un chef d’Etat indigne de diriger un grand pays comme le Nigeria. Arrivé au pouvoir selon les accords conclus avec son prédécesseur, le général, Muhammadu Buhari, dont il était le financier des campagnes pendant ses élections, il a voulu, à son tour, voulu goûter à la politique. Exactement comme au Bénin où Patrice Talon, après avoir financé les campagnes électorales de Boni Yayi, lui a succédé, mettant, entre parenthèses, ses nombreuses entreprises, tout comme Bola Tinubu.
Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, les chefs d’Etat de la CEDEAO lui ont confié la présidence de l’organisation alors qu’il survenait le coup d’état au Niger. C’est ici qu’a commencé à se manifester l’inexpérience de Bola Tinubu. Mis pratiquement sous la tutelle de l’Ivoirien, Alassane Ouattara, et du Sénégalais, Macky Sall, Bola Tinubu fut à deux doigts de lancer les soldats de la CEDEAO à l’assaut du palais présidentiel nigérien pour délivrer Mohamed Bazoum et le réinstaller au pouvoir. A y voir de près, cette exigence était, avant tout, le souhait du président français, Emmanuel Macron, qui voyait d’un très mauvais œil l’installation d’un énième gouvernement militaire dans le Sahel, hostile à la France, après le Mali et le Burkina Faso. Tinubu qui ne recevait pas directement les ordres de Paris, mais par le canal d’Alassane Ouattara et de Macky Sall, pouvait aussi compter sur deux autres bénis oui oui de Paris, à savoir, les présidents du Bénin, Patrice Talon, et bissau-guinéen, Umaru Cissoko Embalo.
L’intervention n’a pas, finalement, eu lieu grâce à l’hostilité des sénateurs et gouverneurs du Nord du Nigeria dont le pays partage la même frontière avec le Niger et dont les familles se retrouvent des deux côtés de celle-ci, mais aussi, à cause du refus de la société civile et de l’opposition nigérianes qui ne voyaient pas d’un bon œil le conflit à venir dans lequel le président Tinubu voulait plonger le pays.
Parallèlement, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont constitué un front pour leur défense commune. En cas d’attaque d’un des leurs, les deux autres viendraient à sa rescousse. Par la suite, cette entente a été matérialisée par la constitution de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) où ils militent, aujourd’hui, au détriment de la CEDEAO qu’ils n’intégreront plus pour rien au monde.
L’utilité de la CEDEAO interroge car cette organisation n’a jamais manifesté aucun intérêt pour secourir les trois pays qui sont, profondément, affectés par le terrorisme islamique. Et pour cause ! Quand le candidat républicain, Donald Trump, dit haut et fort que Al Qaïda et l’Etat islamique, sont deux créations de l’OTAN (Alliance des pays de l’Atlantique Nord) pour déstabiliser certains pays du Sud, et qu’ils sont financés et équipés par cette organisation, on n’a que très peu de doute quand on observe leur proximité dans la façon dont ils coordonnent leurs attaques dans les trois pays du Sahel.
Suprémaciste américain, l’ancien chef de la Maison Blanche, Barack Obama, prône une domination éternelle des Etats-Unis dans les affaires du monde. C’est la raison pour laquelle, en collaboration avec sa très dévouée mais radicale secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, il avait favorisé la création de ces deux organisations terroristes pour retarder le bien-être des pays du Sud. C’est aussi la raison pour laquelle, le leader libyen, Mu’ammar al Khadafi, fut assassiné en octobre 2011. Pour Hillary Clinton et Barack Obama, en effet, il était hors de question qu’ils laissent la création d’une devise africaine qui, tôt ou tard, allait affaiblir le dollar. Une thèse que le président français, Nicolas Sarkozy, avait facilement ralliée au nom de F CFA africain que contrôle le trésor français.
La rébellion djihadiste qui sévit, actuellement, dans le Sahel et au-delà, est, donc, une affaire, savamment, pensée. Elle n’est ni improvisé et encore moins spontanée d’autant que les mouvements terroristes concernés sont financés et équipés en armes et en tenues militaires par les voies les plus autorisées de l’Occident. A plusieurs reprises, les présidents du Mali et du Burkina Faso, ont accusé la France, entre autres, de financer la rébellion djihadiste pour les attaquer. Mais une telle accusation venant de Donald Trump, lui-même, prend une autre proportion d’autant plus que l’ancien président américain est celui-là même qui souhaite rapatrier à la maison tous les soldats américains sur les terrains de guerre. C’est un partisan de la fermeture des frontières américaines, qui prône le développement de chacun chez soi. Contrairement aux démocrates, Barack Obama, et Joe Biden, qui ont été ou sont des va-t-en guerre primaires, Donald Trump, veut apporter son soutien uniquement à l’Etat hébreu, et fortement réduire le financement des Etats-Unis dans différents conflits mondiaux et, surtout, au sein de l’OTAN où l’Europe continue de se mettre, volontairement, sous le parapluie américain, grâce aux financements de Oncle Sam. Trump n’est-il pas celui qui condamne le financement de Washington dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine au point qu’il a annoncé la fin de celle-ci, quelques jours après son retour dans le Bureau Ovale ?
Quand Bola Tinubu, à la tête d’une puissance régionale comme le Nigeria, ignore les enjeux d’une intervention qu’il voulait entreprendre au Niger, on peut se demander s’il adopte une telle position parce qu’il pense à la survie de ses entreprises qui coopèrent avec celles des pays occidentaux ou s’il est vraiment convaincu qu’une intervention militaire aurait pu remettre Bazoum au pouvoir, même avec l’aide matérielle, financière et en équipement de la France ?
Bola Tinubu a déjà fait plus d’un an comme président en exercice de la CEDEAO. Il aurait dû transmettre le témoins à quelqu’un d’autre. Mais, la patate étant chaude, on ne se presse pas au portillon pour occuper ce poste. Même celui qui pense être le plus intelligent de tous, l’Ivoirien, Alassane Ouattara, préfère souffler sur les braises étant loin et jamais devant le feu de l’action.