Le nom de l’ancienne présidente de transition, Catherine Samba Panza, revient dans le débat politique de façon polémique. Si on voulait la faire sortir de son mutisme actuel, qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Doit-elle se départir de sa neutralité qui est une position de confort alors que le Centrafrique dont l’opposition est totalement inaudible a besoin des voix qui portent comme la sienne ? La transition en Centrafrique, ce fut d’abord, Michel Djotodia, vite « déposé » par le président, François Hollande, ensuite, Catherine Samba Panza, l’ancienne maire de Bangui, un profil consensuel et surtout féminin, qui se montra à la hauteur des enjeux, organisant une élection présidentielle à laquelle elle ne se présenta pas alors qu’elle aurait pu s’accrocher au pouvoir. Personne n’aurait pu le lui interdire. On lui reproche, sans doute, de rester trop silencieuse alors que celui à qui elle a transmis le pouvoir entend le confisquer. Il a changé la constitution (en marchant sur des cadavres) et se prépare à briguer un troisième mandat. Pourquoi s’en prendre à la présidente, Catherine Samba Panza, comme si elle était la complice de Faustin Archange Touadéra qui, en s’alliant avec les Russes et les Rwandais, montre que l’alternance à la tête de l’Etat centrafricain n’est pas dans son programme ?
Le bureau de l’ancienne présidente vient de pondre un communiqué pour dénoncer des manœuvres dolosives de certains « individus isolés ou évoluant en groupe dont l’identité est désormais connue parmi lesquels des journalistes et des activistes politiques, qui diffusent sur internet et dans la presse des informations totalement erronées visant non seulement à ternir sa réputation, mais également, à la jeter en pâture face à l’opinion nationale et internationale comme responsable de la situation actuelle du pays ».
On lui reproche (sans preuves, rappelons-le) d’avoir manipulé le scrutin présidentiel de 2016 afin de favoriser l’accession au pouvoir de l’actuel président de la République, au détriment de son challenger de l’époque (Anicet Georges-Dologuélé, ndlr). Et le bureau de l’ancienne présidente de démentir catégoriquement ces accusations fausses et diffamatoires : « La gestion de l’élection présidentielle de 2016 incombait à l’Autorité nationale des élections (ANE). Le gouvernement de transition a veillé à ce que le processus électoral de 2016 se déroule dans la transparence, l’équité et l’intégrité. Le post rediffusé ces jours-ci, par lequel les contempteurs de CSP font étalage de leurs affabulations sur sa supposée manipulation du scrutin de 2016 a, à juste titre, fait l’objet d’un démenti de Chantal Touabéna, soucieuse de rétablir la vérité ». Cette dernière est la coordonnatrice de la plateforme SCRCA (Société civile en République centrafricaine).
Au second tour des élections présidentielles de 2016, le candidat Faustin Archange Touadéra avait bénéficié du soutien des 22 candidats malheureux du premier tour mais aussi de nombreuses personnalités politiques et de la société civile. L’exploitation de la presse nationale et internationale de la période, confirme les nombreuses déclarations de ces personnalités et les divers accords politiques intervenus. Les ex-Seleka, les Anti-balaka, les partis politiques et autres leaders d’opinion de la diaspora, les associations des femmes, les associations de jeunesse, avaient apporté leur soutien au candidat Faustin Archange Touadéra, considéré à l’époque comme le candidat du « consensus » ! Toutes ces personnalités ne devraient-elles pas également répondre devant le tribunal de l’histoire de leur rôle dans l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat ? Pour quelle raison voudrait-on faire porter la responsabilité de l’accession de Faustin Archange Touadéra au pouvoir à la seule Catherine Samba Panza ?