Très possible candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain, l’ancien ministre d’Etat, Djono-Ahaba H. Gotran, œuvre pour le succès de la transition dirigée par la présidente, Catherine Samba-Panza. Si son nom est de temps en temps cité comme premier ministre, il se concentre, à la tête de son parti, le Rassemblement patriotique pour le renouveau du Centrafrique (RPRC), en vue des grandes batailles futures.
AFRIQUEDUCATION : Depuis votre sortie du gouvernement, beaucoup de rumeurs circulent sur vous. Dites-nous que devient l’ancien ministre d’Etat Djono-Ahaba H. Gotran ?
Djono-Ahaba H. Gotran : Rumeurs ! Vous avez dit rumeurs ? Eh bien, les rumeurs restent les rumeurs.
Après ma sortie du gouvernement, en août 2014, et, après avoir consacré un peu de temps à ma famille, artisan de paix et de sauvegarde de l’unité nationale, j’ai mis en place, en novembre 2014, un mouvement dénommé, le Rassemblement patriotique pour le renouveau de Centrafrique (RPRC) dont je suis le président. Notre mouvement a pour vision, non seulement, la réconciliation nationale et la pacification du pays, mais surtout, faire de la République centrafricaine (RCA), notre pays, un pays émergent d’ici 2030.
Vos rapports avec l’ancien président, Michel Djotodia, ne sont plus au beau fixe. Que lui reprochez-vous alors qu’il vous choyait quand il était aux affaires ?
Je n’ai aucun problème avec le président, Michel Djotodia, avec qui nous avons, toujours, eu de très bonnes relations. D’ailleurs, dans la première quinzaine du mois de septembre 2014, j’ai été lui rendre visite, à domicile, au Bénin.
Je n’ai rien à lui reprocher, c’est un grand frère. Peut-être que notre lecture de la situation s’est démarquée des autres.
Le président, Michel Djotodia, ne me choyait pas, particulièrement. Il me mettait au même pied d’égalité que les autres membres du gouvernement. S’il avait une attention à mon égard, c’était par rapport aux résultats probants. Car, à l’époque, malgré l’embargo sur le secteur minier, les réformes courageuses que j’ai eu à entreprendre ont forcé l’admiration de tous, y compris celle du chef de l’Etat.
En tant qu’ancien ministre des Mines, vous avez eu à signer des contrats, parfois, en direct, avec certains opérateurs économiques étrangers. On vous reproche d’avoir perçu de juteuses commissions qui s’élèvent à plus de 7 milliards de F CFA. S’agit-il d’un simple sabotage de votre image ?
En tant que chef du département des Mines et du Pétrole, je tiens à préciser ceci : à ma prise de fonction à l’époque, un état des lieux avait été fait. Les permis de recherche du pétrole dans le Nord- Est étaient détenus, respectivement, par les deux grandes sociétés chinoises (PTAIL et PTAIS), qui faisaient des prospections dans les blocs A et B, ainsi que, la société DIG-OIL, qui détenait son permis de recherche dans la région de Carnot. Tous ses permis ont été obtenus par ces sociétés à l’époque du régime de l’ancien président, François Bozizé, avant notre arrivée aux affaires…
A ce que je sache, dans les circonstances actuelles de mon pays, lorsqu’on décide haut et fort d’œuvrer pour la paix et de sauvegarder l’unité nationale, on retrouve, toujours, les ennemis de la paix sur son chemin ; mais, je reste optimiste car il y a un temps pour tout. Ces allégations ne sont que purs mensonges, à mon endroit, destinés à détourner l’attention de notre peuple des efforts que je déploie avec mon équipe.
Vous êtes le président du RPRC. Pouvez-vous nous présenter ce parti ? Ne s’agit-il pas d’un parti de plus dans le paysage politique centrafricain ? Qu’est-ce que ce parti va apporter aux Centrafricains ?
Le Rassemblement patriotique pour le renouveau de Centrafrique (RPRC) que je dirige est un mouvement politique créé en réponse, non seulement, à la situation, extrêmement, grave dans la quelle mon pays, la RCA s’est retrouvée pendant la dernière crise où le vivre-ensemble était quasi-impossible, mais aussi, pour l’émergence de la RCA d’ici 2030.
En tant que patriote, cette dérive était, pour nous, inacceptable. Il y avait, même, une partition de fait du pays. La création du RPRC s’inscrit, donc, dans la logique d’un retour de la paix, de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale, de la reconstruction de notre pays, et surtout, de la sauvegarde de l’unité nationale.
Le RPRC n’est pas un parti politique de trop, c’est plutôt un mouvement d’action, qui a une vision très claire du problème centrafricain. Il apporte un regard nouveau à l’échiquier politique national et entend faire renaître la RCA avec toutes ses valeurs, sa diversité, le respect de chacun et des droits humains.
Quelle appréciation portez-vous sur la transition dirigée par Catherine Samba-Panza ? Une rumeur fait de vous son futur premier ministre. Qu’en est-il exactement ?
L’appréciation que je peux faire sur cette transition est qu’il y a des avancées, notamment, l’Accord de 2014 signé, à Brazzaville, les consultations populaires à la base, le Forum inter-centrafricain de Bangui et l’Accord d’engagement au programme de Désarmement, Démobilisation Réinsertion et Rapatriement (DDRR) entre le gouvernement et les groupes politico-militaires.
Quant à la nomination du premier ministre, elle relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat de transition. Madame le chef de l’Etat sait très bien que le RPRC est en avant-garde des efforts consentis pour permettre au pays de retrouver ses esprits et avancer dans la bonne direction. Il contribue, très largement, au retour de la paix et œuvre pour une bonne gestion de la transition en vue de la réussite du pré-DDRR et de l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes dans un esprit d’apaisement.
Serez-vous candidat à l’élection présidentielle ?
La priorité, pour nous, c’est d’abord la recherche de la paix. Pour l’instant, seule la Charte constitutionnelle de transition définit les conditions d’éligibilité des candidats. Nous restons dans l’esprit de cette Charte pour que le pays avance.
Cet entretien tire à sa fin. Qu’avez-vous à dire d’autres à vos compatriotes ?
J’appelle les Centrafricaines et les Centrafricains à dépasser l’esprit de haine, de vengeance et à se mobiliser pour s’accepter les uns les autres en vue de favoriser le vivre-ensemble; car la paix ne se décrète pas. Elle vient du cœur. La paix, c’est un comportement responsable de tous les jours et de chacun où qu’il se trouve. La solution à nos problèmes passe d’abord par nous-mêmes, nous devons donc commencer par là, avant de nous tourner vers la communauté internationale et les partenaires au développement. Nous devons tous coordonner nos énergies pour pacifier notre pays et réussir l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes en vue de permettre à notre pays le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable.
Nous profitons de l’occasion pour remercier la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), l’Union africaine, la France, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, l’Organisation des Nations-Unies, toute la communauté nationale et internationale, ainsi que, les partenaires au développement pour leurs efforts inlassables, dans la résolution de la crise centrafricaine.