Le financement de la rébellion par le Groupe Castel est une accusation grave du fait, d’une part, que celle-ci déstructure le tissu social, économique et politique du Centrafrique depuis de très longues années, et d’autre part, parce qu’une telle accusation que le Groupe ne nie pas, prend une autre ampleur quand on sait que le gouvernement français, lui-même, a cherché, par le passé, à renverser le pouvoir du président, Faustin-Archange Touadéra. Un renversement qui devrait être effectué via la rébellion financée (justement) indirectement par Paris, comme cela se passe, souvent, en Afrique. Sous les tropiques ! Qu’on imagine un seul instant que les Russes de la société Wagner n’avaient pas débarqué pour protéger Bangui et les institutions centrafricaines, le président, Touadéra, et ses proches collaborateurs ne seraient-ils pas en exil en ce moment ? Et le Groupe Castel qui justifie, aujourd’hui, sa trahison ne tiendrait-il pas un autre discours à l’endroit des nouveaux maîtres de Bangui qui auraient remplacé ceux chassés par la rébellion ? Le tapis rouge ne serait-il pas déroulé à ces responsables partout ils auraient eu à débarquer en Centrafrique ? Les autorités centrafricaines ne devraient donc pas être dupes. Ayant frôlé la correctionnelle dans cette affaire, il leur appartient de prendre des dispositions nécessaires pour régler cette affaire au mieux de l’intérêt national. Autrement dit, prendre des sanctions qui serviraient d’exemple à tous les investisseurs nationaux et étrangers en Centrafrique pour que jamais plus aucune société ne puisse s’aventurer dans une telle périlleuse issue.
Du haut de ses 96 ans, Pierre Castel n’est pas du tout sonné par cette affaire d’autant plus qu’il affirme, fièrement, être l’ami de tous les chefs d’Etat africain avec qui il entretient de très bonnes relations. Des relations qu’il entendait utiliser pour un retour de François Bozizé au pouvoir (avant son éloignement en Guinée Bissau ?). Le général 5 étoiles avait profité de l’hospitalité des milieux françafricains pendant ses années d’exil involontaire, dans la capitale française, avant de prendre le pouvoir par les armes à Bangui en mars 2003. Cela ne s’oublie guère. Une fois installé au palais de la Renaissance, il appela son ami Castel. Ce dernier a, sans doute, voulu rendre la politesse en participant à sa réinstallation à la tête de l’Etat. Sauf qu’il y a la justice française qui va enquêter et il ne serait pas malvenu que le gouvernement centrafricain se constitue partie civile pendant ce procès à venir car il s’agit d’une affaire de déstabilisation des institutions qui n’a pas bien marché pour les ennemis de la paix en Centrafrique.
Le Groupe Castel est visé par une enquête du parquet antiterroriste, selon les informations de la cellule investigation de Radio France ce vendredi, 26 mai. Une ONG le soupçonne d’avoir financé des milices armées en Centrafrique pour poursuivre ses activités dans le pays. Une affaire pleine de ramifications que l’enquête aidera à démêler. C’est cela la françafrique. Des affaires qui, souvent, n’ont ni queue ni tête.