La Russie est présente en Centrafrique militairement, à travers la protection rapprochée du président Touadéra et par le biais d’entreprises œuvrant dans le secteur minier. Elle a mis en place les instruments d’une stratégie » tous azimuts » : création d’une radio (Lengo songö), couverture de ses actions par des agences de presse bien connues comme Sputnik, participation à des campagnes d’affichage et de distribution de tracts.
Certains journalistes ou médias locaux se plaignent, en privé, de faire l’objet de pressions, voire, de menaces ou de tentatives de corruption.
Par ailleurs, la Russie (ou ceux qui agissent pour son compte) est très active sur les réseaux sociaux et apporte son soutien à des associations ou des ONG qui lui sont totalement dévouées.
Cette communication valorise les actions menées par la Russie. Cela a été le cas lors de la dernière livraison de blindés à la Centrafrique. Elle attise, également, le sentiment anti-français existant dans un partie de la population en tenant un discours dirigé contre la France, ancienne puissance coloniale et en dénonçant les pratiques de la Françafrique (sur notre photo le chef de la diplomatie française Jean Yves Le Drian boit le champagne de la discorde avec le président centrafricain).
Ce discours flatte l’orgueil national . La Russie se présente comme une puissance respectueuse de l’indépendance et de la souveraineté des Etats, ayant, par le passé, défendu et soutenu les mouvements de décolonisation.
Cette communication tient de la propagande plus que d’une information neutre et objective.
Un tract distribué, fin août 2020, dans les rues de Bangui titrait : « La Fédération de Russie est aux origines de la paix en République Centrafricaine ».
C’est faire peu de cas des actions menées par la MINUSCA contre les milices rebelles et de l’investissement sur le terrain des grandes associations humanitaires, des initiatives prises par l’Union africaine, l’Union européenne et les institutions spécialisées de l’ONU.
Cette stratégie de communication n’est pas susceptible de créer le climat de sérénité et de confiance indispensable à un retour à la paix en Centrafrique et ajoute à la confusion générale qui frappe le pays.
Ce sentiment est partagé par beaucoup de Centrafricains et d’observateurs.
Patrick David
Docteur en droit