Le terrain est favorable. Les Centrafricains sont de fervents croyants, souvent très pratiquants. Après plus de sept années de violences, le pays est en proie au doute et à des peurs concernant l’avenir.
De nombreux panneaux en ville invitent la population à rejoindre des églises aux noms évocateurs qui promettent le bonheur sur terre et le paradis dans le ciel.
Certaines églises évangéliques en prétendant pouvoir améliorer les conditions de vie des plus pauvres, guérir les souffrances physiques et psychologiques, lutter contre la sorcellerie (la croyance en des forces occultes est encore très présente) répondent à des attentes manifestement non satisfaites par la religion catholique et l’islam.
Les églises protestantes évangéliques gagnent du terrain en Centrafrique. Elles multiplient les lieux de cultes, courtisent les dirigeants politiques et les classes moyennes, ne se contentant plus uniquement d’être présentes auprès des populations les plus vulnérables. Si certaines d’entre elles ne regroupent que quelques dizaines d’adeptes, d’autres attirent des foules considérables.
Elles agissent sur des populations n’ayant plus aucun espoir comme de véritables « miroirs aux alouettes « . Les rituels mêlant chants et danses, plaisent aux fidèles car ils leur permettent d’exprimer leur foi en public et de se défouler collectivement.
Nombre de ces chapelles sont dirigées par des vrais-faux pasteurs, des prophètes autoproclamés, se faisant passer pour des faiseurs de miracles, soucieux de s’enrichir ou de satisfaire leur soif de pouvoir (notre photo montrant une cérémonie de purification dans une église évangéliste de Bangui).
Certains politiques voient dans ces églises d’un genre particulier, un moyen d’asseoir leur pouvoir et n’hésitent pas à afficher leur appartenance à tel ou tel mouvement.
Il n’est pas question de remettre en question le droit de choisir sa religion qui est une liberté fondamentale.
Mais, il convient d’être vigilant face à ces églises, échappant à tout contrôle, dont les messages alliant illusions et remèdes douteux, dans le chaos généralisé et la perte de repères que connaît la Centrafrique, ont un effet désastreux sur les personnes et la société centrafricaine.
L’influence de ces églises du 3ème type qui jouent sur les peurs grandit face aux risques liés au coronavirus.
Patrick David