Par Aristide Koné et Franck Moussa, à Bangui
François Bozizé a sauvé son fauteuil. Contre toute attente. Peut-il, maintenant, inscrire son nom, en lettres majuscules, au côté de celui de Barthélémy Boganda, le père de l’indépendance du Centrafrique ?
Le gendarme de l’Afrique centrale, le président du Tchad, Idriss Déby Itno, a, une fois de plus, pris la responsabilité sur lui d’empêcher les frères centrafricains de se débarrasser de son vassal, le général Bozizé. Rappelons en effet que c’était Déby qui a installé au pouvoir, à Bangui, au détriment de feu Ange Félix Patassé qui n’entendait en aucune manière se soumettre au diktat de son voisin du Nord. Pour Déby, le comportement de Patassé non seulement était agaçant mais plutôt insultant et insupportable. C’était ainsi qu’il avait mis la machine de destitution de Patassé en marche. Sous le couvert des libérateurs, la garde prétorienne de Déby avait eu raison de l’armée centrafricaine qui faisait face sans grande conviction à une véritable armada s’il faut faire une comparaison de la puissance de feu des deux belligérants. Les Centrafricains supportent, aujourd’hui, très mal, l’allégeance claire-ment affirmée de Bozizé à Déby. Ils sont surtout agacés par le comporte-ment de la milice de Déby qui agit, au Tchad, en une véritable armée d’occupation ». Telle est la substance du tout premier communiqué de l’an 2013 signé du Docteur Ali Gaddaye du FSR (Front pour le salut de la République) du Tchad, qui dit tout haut, ce que les Ngarlejy Yorongar et autres Saleh Kebzabo n’ont jamais cessé de dénoncer, dans la très muselée Assemblée nationale tchadienne, contrôlée exclusivement par le MPS d’Idriss Déby. Une ingérence inqualifiable du Tchad dans les affaires de la RCA telle que cela n’existe plus dans les relations entre Etats.
Les inconséquences et tergiversations du président François Bozizé sur l’application effective des accords signés avec les rébellions sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), et surtout, le non respect des droits de l’homme par le régime de Bangui, dont les manifestations s’appellent torture, incarcération, disparition, etc. ont fini par conduire certains citoyens centrafricains à décider d’en découvre avec le régime.
Comment en est-on arrivé à une situation d’une telle dépendance du Centrafrique vis-à-vis du Tchad ?
Comment ?
Face à l’incompétence d’Ange Félix Patassé, certes, élu démocratiquement, mais dont la gestion décriée avait poussé les Forces armées centrafricaines (FACA) à sortir, régulièrement, de leurs casernes pour faire des mutineries qui mettaient la vie de l’Etat entre parenthèses, au point de finir par agacer les Centrafricains, eux-mêmes, mais surtout, les chefs d’Etat de la sous-région dans le cadre de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) qui regroupe, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad et le Centrafrique), l’arrivée au pouvoir du général François Bozizé, le 15 mars 2003, permit plutôt aux uns et aux autres de pousser un ouf de soulagement. En effet, ce dernier, comme le général Robert Gueï en Côte d’Ivoire, jurait qu’il venait juste mettre de l’ordre dans la maison, organiser les élections dans un délai d’environ deux ans, avant de retourner dans sa caserne militaire. Et qu’il n’était nullement question pour lui de se maintenir au pouvoir sous aucun prétexte.
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