De folles rumeurs évoquent le départ des mercenaires de la société Wagner vers l’Ukraine et le Sahel. Qu’en est-il exactement ?

En réalité, il semble que des dissensions aient éclaté entre Russes et Ukrainiens au sein des contingents de la société Wagner présents en Centrafrique. Certains d’entre eux souhaitent en  » découdre  » sur des terrains d’opérations plus actifs que la Centrafrique qui connait actuellement un calme relatif.

Il est peu probable que les mercenaires de la société de sécurité quittent la Centrafrique.

Cela signifierait un abandon de ce qui a toujours été présenté comme un symbole du retour de la Russie en Afrique.

En outre, le président centrafricain paraît faire plus confiance aux mercenaires de Wagner qu’à la garde présidentielle pourtant composée de personnes appartenant à son ethnie et qui est un véritable  » Etat dans l’Etat ». La garde présidentielle échappe à l’autorité des Forces armées centrafricaines (FACA).

Les mercenaires de Wagner, même si le président centrafricain affecte de les ignorer, assurent sa sécurité rapprochée et sont parvenus avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) et la FACA à stopper la marche, sur la capitale en vue de renverser le gouvernement en place, de la Coalition des patriotes pour le changement en Centrafrique( CPC) qui regroupe les milices les plus déterminées. Les méthodes brutales des mercenaires de Wagner terrorisent les milices, qui se sont réfugiées dans les territoires qu’elles occupaient traditionnellement et n’en sortent que pour des opérations de harcèlement, des embuscades ou des coups de main.

La société Wagner est le  » bras armé  » de la Russie en Centrafrique. Les suspicions d’exactions et d’atteintes graves aux droits humains portées contre les mercenaires émeuvent peu Moscou.

La Russie doutant de la loyauté de certains éléments d’origine ukrainienne de Wagner pourrait procéder à un redéploiement d’un certain nombre d’entre eux vers d’autres terrains d’opérations.

Le départ des mercenaires de Wagner de Centrafrique est difficilement imaginable. Ce serait un tournant dans la nouvelle politique africaine de la Russie, un aveu d’échec de sa part.

Patrick David 

Docteur en droit