Le chancelier allemand, Olaf Scholz, souhaite conditionner l’accès à la citoyenneté allemande au soutien adressé à la nation d’Israël. Seront concernés tous les futurs candidats à l’immigration en Allemagne. Avec ce nouveau critère, prétendument, en lien avec la cause israélienne, l’administration berlinoise montre qu’elle ne reculera devant rien pour faire avancer son agenda en matière d’immigration.
Cette mesure, qui avait été annoncée, en fin octobre, par Nancy Faeser, l’actuelle ministre de l’Intérieur, semble être la meilleure réponse que le gouvernement allemand ait pu trouver pour faire face à la multiplication des actes antisémites en Allemagne, mais aussi, chez plusieurs voisins européens dont la France, posés en réaction à la vague de soutien occidental apporté à l’Etat hébreu après les attaques terroristes commanditées par le Hamas le 7 octobre. Dans leur soutien inconditionnel à Israël, les autorités allemandes auraient, vraisemblablement, décidé d’ignorer l’indignation de la communauté internationale face à la réponse démesurée des forces armées israéliennes sur les civils de Gaza.
S’il est acquis que l’antisémitisme ne devrait avoir sa place dans aucune société moderne, il convient, également, de questionner la pertinence de la législation initiée par le ministère allemand de l’Intérieur, laquelle semble servir de parfait alibi à Berlin pour durcir davantage sa politique migratoire. En introduisant cette loi, Olaf Scholz et ses équipes montrent leur disposition à exploiter les malheurs d’un de leurs alliés à des fins politiques. D’ailleurs, l’empressement au sein de ses collaborateurs est tel que Tamara Zieschang, la ministre de l’Intérieur du Land de Saxe-Anhalt (Allemagne de l’Est), aurait informé, le mois dernier, toutes les municipalités de sa province de l’activation de ladite mesure, alors que le texte fait toujours l’objet de discussions au Parlement.
En anticipation à la pluie de critiques qui ne devrait plus tarder de tomber, Berlin a annoncé être favorable à la restriction de visas imposée aux extrémistes israélites, qui se livrent à des violences en Cisjordanie. Cette déclaration fait suite à la toute première décision de la Maison Blanche de ne plus fermer les yeux sur les atrocités commises par ces derniers sur les populations palestiniennes vivant en territoire occupé, et largement documentées par les médias locaux.
En s’alignant sur l’initiative de Washington, la capitale allemande espère bien calmer le jeu face à ses détracteurs pro-palestiniens. Pas sûr, néanmoins, que cela ne se retourne pas contre elle.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)