Une réunion d’urgence des chefs d’Etat de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) est annoncée, à Yaoundé, lundi, 16 décembre. La crise économique et financière entraîne des effets néfastes chez les membres les plus vulnérables tandis que les moteurs de la zone ne se portent pas trop bien non plus. D’où ce Sommet extraordinaire qui permettra d’examiner la situation macro-économique de la zone et de prendre des décisions qui s’imposent.
Car cette situation macro-économique des 6 pays de la CEMAC est au rouge avec un surendettement prononcé. Mais, chez certains, la situation est gravissime, comme le Congo-Brazzaville, qui est en quasi-cessation de paiement. En effet, les fonctionnaires de ce pays accumulent des arriérés de salaires, tout comme, les retraités et les boursiers de l’Etat.
La situation n’étant enviable pour personne, il faut prendre le taureau par les cornes et préconiser des mesures macro-économiques avec des effets immédiats sur la micro-économie. Il faudra entreprendre un redressement qui concernera tous les six pays avec des mêmes efforts qui seront demandés à tous, même si la pression auprès de la population ne peut être la même. Il faudra stopper l’érosion des réserves monétaires, respecter rigoureusement les critères de convergence, ramener le ratio de la dette à 70% maximum du PIB, etc.
Dans ces conditions, l’établissement des lois de finance de 2025, s’est avéré être un véritable casse-tête chinois. Les six pays vont être invités à élargir, considérablement, leur assiette fiscale afin que soit, également, concernée l’économie informelle jusque-là épargnée. D’autre part, la hausse du prix va concerner tous les secteurs sans exception. L’augmentation du prix des différents carburants (sauf peut-être lampants) est, également, attendue dans les six capitales comme une inquiétude qui fera bondir tous les prix, l’énergie étant un intrant important dans la production des biens et services.
Il faudra que les six chefs d’Etat s’attaquent, véritablement, à la corruption et à la mauvaise gouvernance qui freinent, considérablement, le développement des Etats. On parle sans cesse de corruption et de détournement de fonds publics et rien n’est fait, réellement, pour les endiguer. Comment veut-on que ce mal soit jugulé quand les fonctionnaires ici et là sont plus riches que les hommes d’affaires et opérateurs économiques et que la justice, loin de faire son travail, pratique la technique de « la chèvre broute où elle est attachée » ?
Autre chose à déplorer : la propension des six Etats à payer en priorité et avant tout la dette extérieure au détriment de la dette publique intérieure : les entreprises locales, souvent, voient leurs factures traîner dans les ministères des Finances, plusieurs années durant, alors que le service a été fait et préfinancé. Ne faudrait-il pas adopter la réforme qui consiste à payer, automatiquement et impérativement, une facture, au maximum, en 90 jours, comme c’est le cas en France par exemple ? Autrement dit, dès qu’une facture est engagée, on n’a pas besoin de faire la courte échelle aux fonctionnaires des Finances car on sait qu’au 90e jour, au plus tard, celle-ci est payée.
L’histoire se répète à Yaoundé. En effet, le 23 décembre 2016, presque jour pour jour, le même type de Sommet extraordinaire avait réuni les six chefs d’Etat qui se penchaient sur une CEMAC très malade. Y avaient pris, également, part le ministre français des Finances, Michel Sapin, et la patronne du FMI de l’époque, la Française, Christine Lagarde (notre photo). Si la dévaluation du F CFA fut évoquée, cette hypothèse fut rapidement balayée personne parmi les chefs d’Etat ne l’ayant souhaité.
On pense qu’il en sera de même lundi, 16 décembre 2024, une éventuelle hypothèse de la dévauluation du F CFA BEAC sera fortement rejetée par les chefs d’Etat comme en 2016.