CHINE-AFRIQUE : Une coopération renforcée sur fond d’allègement de la dette

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Allons-nous assister à une évolution des relations entre l’Afrique et la Chine ? Alors que les tarifs douaniers de Donald Trump secouent le commerce international, Xi Jinping a directement menacé tout pays s’alignant sur les exigences de son homologue américain, considérant un tel acte comme une trahison envers le multilatéralisme. Mais, derrière ce quiproquo se cache peut-être l’opportunité pour le continent africain de renégocier sa dette avec le géant chinois.

D’après certaines études, le gouvernement chinois détient 12% de la dette extérieure africaine. Si ce chiffre est presque trois inférieur à ce que l’Afrique doit à ses créanciers occidentaux, il donne lieu à plus de controverse, compte tenu de l’opacité des termes assortis aux prêts octroyés par Pékin. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les dirigeants africains ont, à maintes reprises, sollicité que leur dette soit allégée, mais, se sont heurtés à un refus net de Xi Jinping (sur notre photo, le Sommet Chine-Afrique de 2024).

En position de force jusqu’au retour de Donald Trump à la Maison Blanche et au déroulement de sa stratégie pour redonner la place de numéro un dans le monde aux Etats-Unis, le président chinois n’affiche plus la même sérénité que lors du dernier Sommet entre son pays et l’Afrique en septembre dernier. En plus de l’injonction adressée au monde entier, il a envoyé un de ses émissaires en Afrique en début avril pour y promouvoir davantage de coopération sino-africaine.

Hu Chunhua, un haut cadre du régime chinois, s’est rendu en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Nigéria, officiellement, dans le cadre des initiatives issues du FOCAC visant à accélérer la modernisation du continent africain, officieusement, pour garnir du soutien et faire bloc face aux nouvelles autorités américaines. Il s’agit d’une préoccupation majeure pour Pékin, qui signale sa disposition à revoir sa position arrêtée de réduction des financements à destination de l’Afrique.

Lors du dernier Sommet Chine-Afrique, Xi Jinping avait plafonné les injections de capitaux chinois vers ses partenaires africains à 50.7 milliards de dollars sur les trois années à venir. Il semble aujourd’hui clair que l’homme fort de Pékin a changé d’avis, sous la pression du contexte économique mondial actuel, et est enclin à les revoir à la hausse. C’est aussi l’occasion pour les pays africains de remettre la dette extérieure sur la table dans leurs discussions avec la Chine.

Même s’il est très rare que les autorités chinoises fassent preuve d’hostilité contre les pays qui enregistrent des défauts de paiement dans le remboursement de leur dette vis-à-vis d’elles, l’idée de se savoir lourdement endetté suffit à décourager tout élan de développement au niveau national. Raison pour laquelle toute forme d’allègement de la dette est utile et doit constituer la priorité des leaders africains que Xi Jinping approche en vue d’une coopération renforcée.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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