Alors que certaines entités étrangères, parmi lesquelles figurent les Nations-Unies et l’ambassade des Etats-Unis, s’activent pour faire évacuer les familles de leurs employés postés au Burundi, du fait du risque de propagation du conflit du voisin rdcongolais, Bujumbura continue de faire preuve de sérénité par rapport à la situation. Le président burundais avait récemment mal réagi face à cette façon de faire des étrangers car il y voyait une volonté de saper le moral des siens.
Pourtant, bien que la crise batte toujours son plein, le tableau qui se dessine en ce moment pour le Burundi semble s’éclaircir. En effet, toute incursion de l’armée rwandaise dans un autre pays que la RDCongo est de plus en plus hypothétique, compte tenu des injonctions qui ne cessent de tomber contre elle sur la scène internationale (sur notre photo, le président du Burundi, vendredi, 2 février 2025, a expliqué la situation dans la sous-région autour d’un verre). Après la fermeture des vannes financières de la Belgique, le Rwanda a été surpris d’apprendre que l’Angleterre lui coupait également les vivres. Et demandait à son ambassadeur à Kigali de surveiller le retrait des forces rwandaises de la RDCongo comme le stipule la dernière résolution du Conseil de sécurité sur ce conflit.
Sachant que les Belges se sont donné pour mission de convaincre les autres Européens versant une aide financière aux Rwandais de la geler, on voit mal d’où viendront les financements nécessaires à Paul Kagamé désenchanté pour alimenter ses ambitions démesurées dans la sous-région. Washington DC, son plus gros donateur, lui a d’ailleurs envoyé un premier avertissement en sanctionnant (financièrement) son ministre de la Coopération régionale, le général, James Kabarebe, et en gelant tout circuit financier en direction de la rébellion.
L’Allemagne, qui suit les Etats-Unis en matière de volume de l’aide, devrait imiter ses alliés, et rompre avec sa position controversée d’il y a onze ans, lorsque Angela Merkel, alors chancelière, avait maintenu son aide financière à Paul Kagamé, malgré la décision des autres dirigeants occidentaux de faire le contraire. Rival de longue date de l’ancienne leader de leur parti commun du CDU, Friedrich Merz, le nouveau chancelier, pourra davantage se démarquer d’elle.
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Les autorités burundaises ont donc raison d’inviter leurs populations à ne pas céder à la panique. Car, même si elles ont constaté des mouvements militaires inhabituels à la frontières avec la RDCongo, ceux-ci ne correspondaient qu’à une mobilisation à titre conservatoire. La guerre n’est une bonne chose pour aucune économie nationale. Et celle du Burundi, qui fait face à un flux massif de réfugiés rdcongolais, n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment. Et puis coupé de ses sources financières, Paul Kagamé sera contraint forcé d’arrêter cette ruineuse guerre pour tout le monde.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)