Le conflit libyen s’enlise. Il n’y aurait donc plus de vainqueur au terme d’une guerre éclair qu’on annonçait à Paris et à Londres, pour emporter l’adhésion des capitales qui n’entendaient pas s’associer à une nouvelle aventure militaire occidentale dans le monde arabe. La seule issue possible reste la cessation des hostilités et la négociation entre deux forces militaires qui se valent sur le terrain. Une autre façon de régler le problème humanitaire et politique avec en vue, l’inévitable partition du pays en deux, dont personne ne veut officiellement parler.
La partie est terminée pour Kadhafi. Il devrait réaliser rapidement qu’il n’y a pas d’avenir pour lui ou pour son régime. Son temps est compté. Il est de plus en plus isolé », déclarait mi-mai Anders Fogh Rasmussen, le belliqueux secrétaire général de l’OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord). Une telle déclaration faite sans nuance laissait penser que les carottes étaient cuites pour le guide libyen à qui les Occidentaux reprochent d’avoir duré 42 ans à la tête de son pays. L’OTAN a pris les rênes de l’opération militaire en Libye le 31 mars. Deux mois, plus tard, personne, sur le terrain, ne semble voir clair sur l’issue réelle des combats. Pour preuve, le 1er juin, le secrétaire général de l’OTAN décidait de prolonger jusqu’à fin septembre 2011, sa mission en Libye, qui devait prendre formellement fin le 27 juin 2011. « L’OTAN et ses partenaires viennent de décider de prolonger notre mission en Libye pour quatre-vingt-dix jours supplémentaires. Cette décision envoie un message clair au régime de Kadhafi : nous sommes déterminés à poursuivre nos opérations pour protéger le peuple libyen. La question n’est pas de savoir si Kadhafi va partir, mais quand », a-t-il déclaré, le 1er juin, à Bruxelles, à l’issue d’une instance dirigeante de l’OTAN qui réunissait les ambassadeurs des Etats membres. « La loi du plus fort est toujours la meilleure », dit-on. Le Conseil de sécurité a-t-il validé cette prorogation alors que le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, venait de demander l’arrêt des bombardements afin que les humanitaires puissent enfin entrer en action ? Pourtant, le secrétaire général de l’OTAN ne semble guider que par la logique de guerre : « Nous allons poursuivre nos ef for ts pour remplir le mandat des Nations-Unies. Nous allons maintenir la pression pour s’assurer qu’il sera rempli. Notre décision envoie également un message clair au peuple libyen : l’OTAN, nos partenaires, la communauté internationale dans son ensemble sont à vos côtés. Nous sommes unis pour vous assurer que vous pourrez bâtir votre propre avenir. Et ce jour se rapproche », a-t-il annoncé dans un discours qui semble avoir pour but de faire taire les critiques dans les opinions occidentales où on commence à vertement critiquer l’OTAN d’être dépourvue de stratégie claire dans le conflit libyen où l’enlisement de l’Occident ne fait plus aucun doute. La guerre éclair vendue par Nicolas Sarkozy au peuple français n’aura pas lieu. De deux choses l’une : ou le chef de l’Etat français retire son aviation des combats avec tout le déshonneur qui s’en suivra, ou bien il devrait se préparer à une très longue guerre où les forces pro-Kadhafi n’auront rien à perdre, combattant chez elles.