Afriqueeducation.com l’avait écrit et, même, réécrit : Sassou Nguesso avait envoyé des émissaires, à Londres, lieu de son exil, pour convaincre Paulin Makaya à rentrer, au Congo, afin d’intégrer le gouvernement. C’est ainsi qu’il avait pu pêcher un très gros poisson, Bernard Kolelas, après avoir juste patienté que disparaisse son épouse, Ma Ngoudi. Le chef historique du MCDDI s’est, finalement, jeté dans la gueule du loup, entraînant, avec lui, tous les zouailles qui l’entouraient : certains se sont retrouvés ou se retrouvent, encore, dans le gouvernement. Seul avait pu résister à ce rouleau compresseur, Paulin Makaya, à qui Sassou alla jusqu’à proposer un ministère …d’Etat. Refus poli du « Petit Bantou ». Et humiliation suprême pour le dictateur. On connaît la suite…
Paulin Makaya ne pouvait pas participer à la présidentielle du 20 mars (notre photo montre Paulin Makaya en prison). Sassou en avait une peur bleue. Déjà, la grande marche du 17 octobre, conduite par l’opposant, presque tout seul, avait failli emporter le fragile régime du dictateur. Il lui avait manqué un zeste de courage et d’inspiration, et la citadelle s’écroulait. Mais hélas ! Dès lors, son sort était scellé. Car le dictateur ne badine pas avec son pouvoir.
La justice congolaise a décidé, lundi, 30 mai, de le déférer, sans procès depuis six mois, devant un tribunal correctionnel pour « incitation aux troubles à l’ordre public », selon son avocat. Paulin Makaya est un prisonnier politique, comme le soutient le numéro 400 du 1er au 15 juin d’Afrique Education, déjà, en vente en ligne. Ce numéro sera disponible chez les marchands de journaux, à partir du vendredi, 3 juin. Le Congo-Brazzaville est le pays africain, qui compte le plus grand nombre de prisonniers politiques, comme au temps du parti unique. Il rivalise avec les dictatures afghanes et irakiennes, dont la particularité est que ce sont des pays en guerre.
« Monsieur Paulin Makaya est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre d’un seul chef d’inculpation : incitation aux troubles à l’ordre public », déclare l’un de ses deux avocats, Me Eric Yvon Ibouanga, l’autre étant Hervé Ambroise Malonga.
Cela veut dire que les autres chefs d’inculpation -complicité d’incendie volontaire des édifices publics, détention illégale d’armes et de munitions de guerre- (qu’on lui avait collé sur le dos pour l’écarter de la présidentielle) ont été abandonnés.