CONGO-BRAZZAVILLE : La diaspora demande la libération des prisonniers politiques

Date

Il est temps de rappeler en toutes circonstances que la diplomatie comme les relations internationales reposent sur le respect du droit. Qu’en est-il des relations franco – africaines ?

Emmanuel Macron doit rassurer et convaincre la jeunesse africaine, qui aime la France et qui doute de sa sincérité et de ses intentions pour l’Afrique des dictatures.

Le président français n’a-t-il pas donné une bonne définition de la notion de dictature le 23 janvier 2020 dans l’avion le ramenant d’Israël à Paris ?

Il avait, clairement, précisé : « La dictature, c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois…. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants jamais… La dictature, elle justifie la haine… La dictature, elle justifie la violence pour en sortir » (fin des citations).

Le double langage du président français dans les affaires internes de l’Afrique est un handicap à la crédibilité de la France dans ce continent en proie à une insécurité provoquée par la chute du colonel Khadafi.

Les gouvernements français d’hier et d’aujourd’hui ne voient pas le nuage sombre, qui couvre les relations inégales. Des compagnies françaises comme Total Energie, qui exploite le pétrole congolais, croulent sous des excédents financiers tandis que les Congolaises et les Congolais vivent sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar par jour.

Oui, la géo-politique comme la géostratégie du monde évolue très rapidement pour le bien des peuples qui ont soif des changements.

Les Africains ont soif de liberté et de leur indépendance conformément au droit international et particulièrement, aux dispositions des articles 20 à 22 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ratifiée par tous les Etats africains.

La France aurait pu faire de sa zone d’influence le Bassin du Congo, avec ses 220 millions d’hectares de forêts, un massif forestier et le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie ?

En soutenant volontairement les dictateurs de l’Afrique, on va vers une catastrophe dans cette région forestière, menacée par la surexploitation agricole et industrielle et dans certains cas la production pétrolière.

Ces dictateurs épaulés par la France sont prêts à sacrifier des régions entières pour l’enrichissement personnel et la conservation du pouvoir.

Les opposants sont menacés de prison et obligés d’aller en exil. La presse est muselée.

C’est pourquoi nous demandons au président, Emmanuel Macron, d’exiger avec fermeté la libération de tous les prisonniers d’opinion et les prisonniers politiques dans les pays africains soutenus par la France. C’est le cas du Congolais, Jean-Marie Michel Mokoko. Candidat à l’élection présidentielle de mars 2016, le général Mokoko avait refusé de reconnaître la réélection contestée du président Sassou, et avait appelé à la désobéissance civile. Pour se venger, Sassou lui a collé 20 ans de prison. A 76 ans, il croupit en prison où il en a encore pour 15 ans. C’est à ce Sassou que Macron vient dire « Bravo mon ami pour ton excellent travail » ! Les Africains voient et ne peuvent pas soutenir le président français dans de tels errements. Ancien ministre, André Okombi Salissa a, lui aussi, eu 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, détention d’armes et détournement de fonds publics. Des chefs d’accusation fantaisistes car créés de toutes pièces. La réalité est ailleurs : Okombi avait déclaré avoir battu Sassou Nguesso à l’élection présidentielle, en justifiant que l’usurpateur ne pouvait gagner une élection libre et démocratique au Congo, son ethnie étant minoritaire dans le pays (à peine 10% de la population) et au regard de sa gestion calamiteuse ponctuée de massacres de toutes sortes : certains observateurs congolais attribuent, en effet, 40.000 morts à l’ogre de Brazzaville que Macron va rendre visite. De qui se moque-t-on ?

Pour retrouver son rayonnement en Afrique centrale, la France doit exiger la bonne gouvernance électorale et empêcher une gouvernance dynastique.

La jeunesse africaine veut plus de liberté, de démocratie et des relations saines avec ses partenaires et principalement la France en respectant le paradigme gagnant-gagnant. Le président, Emmanuel Macron, devrait écouter le cri des Africains qui sort du cœur.

Maurice Massengo-Tiassé

Docteur d’état en droit

Ancien Vice-président de la Commission nationale des droits de l’homme au Congo.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier