Denis Sassou-Nguesso a mis le Congo-Brazzaville par terre. Financièrement parlant. Tous les indicateurs économiques et financiers sont au rouge. Malgré ses grandes qualités d’économiste, le premier ministre, Clément Mouamba, ne pourra rien faire. Pour donner une idée de la situation, voyons l’état de dégradation financière du pays.
En 2014, la dette du Congo-Brazzaville, qui s’élevait à 5,7 milliards de dollars (3.313 milliards de F CFA), représentait 42% du PIB. A titre de comparaison, le pays de la zone BEAC (en dehors du Centrafrique qui est un cas à part) le moins endetté, la Guinée équatoriale, n’affichait à la même période que 8% d’endettement de son PIB, soit, 1,2 milliard de dollars (688 milliards de F CFA).
A l’heure du retour des pays de la zone BEAC au FMI avec qui ils ont été encouragés à signer des programmes de redressement économique et financier, après qu’ils eurent, tous, repoussé l’hypothèse de la dévaluation du F CFA, seuls le Congo-Brazzaville et la Guinée équatoriale, à ce jour, ne l’ont pas, encore, fait. Le Cameroun, le Gabon, le Tchad et le Centrafrique, sont, tous, sous programme, avec le FMI.
Si le Congo-Brazzaville et la Guinée équatoriale n’y sont pas, encore, parvenus à l’heure actuelle, ce n’est pas pour les mêmes raisons. La Guinée équatoriale se donne du temps, en négociant un équilibre entre les contraintes du FMI et la nécessité de garder une marge de manœuvre suffisante pour son fonctionnement interne, en tant que pays souverain. Il s’agit pour Malabo d’un problème idéologique dont on doit étudier tous les contours, surtout, quand il s’agit de se lier avec des gens qui, par le passé, vous ont astreint à l’esclavage, puis, à la colonisation et la néo-colonisation.
Pour le Congo-Brazzaville, c’est, totalement, autre chose. Les négociations avec le FMI n’aboutissent pas parce que Brazzaville rechigne, encore, à tout mettre sur la table de discussion. Bien qu’il n’ait pas le choix. Car Sassou-Nguesso, au lieu de construire son pays comme Obiang Nguéma l’a fait, a choisi, au contraire, de corrompre, avec l’argent du pétrole congolais, toutes les instances politiques et économico-financières occidentales, qui pouvaient l’aider, tant soit peu, à conserver sa main-mise (politique) sur le Congo-Brazzaville, en fermant les yeux devant ses multiples abus de toutes sortes. Cette opération qui s’étale depuis son retour aux affaires par un coup d’état militaire perpétré en octobre 1997, est allée crescendo, ces dernières années, quand la nécessité s’est faite sentir de modifier la constitution alors que certaines capitales occidentales comme Paris n’en trouvaient pas la nécessité. Il a, alors, fallu arroser (copieusement) tout le monde, en Occident, qui pouvait aider au maintien de Sassou au pouvoir. Que les Congolais ne s’étonnent pas des prises de position pro-Sassou de l’ancienne équipe en place à Matignon (sous Manuel Valls) et de l’entourage (politico-militaire) de l’Elysée et du Quai d’Orsay. Certains observateurs qui adorent les calculs, évaluent à plusieurs milliards de dollars, ces cinq dernières années (incluant le quinquennat de François Hollande), les sommes que le dictateur a mis dans le lobbying à Paris, Washington, New York, Berlin, Londres et Rome, au lieu de les consacrer à la construction des infrastructures. Pour réaliser celles-ci, il a, plutôt, fait appel aux Chinois dont la culture (naturellement) opaque a favorisé les négociations. Résultat, on a vu la Chine construire, routes, ponts, complexes sportifs, hôpitaux, bâtiments devant abriter le parlement, etc. sans savoir les tenants et aboutissants de ces gigantesques contrats. La réalité, c’est qu’il s’agit bel et bien d’un endettement (lourd) du Congo-Brazzaville vis-à-vis de la Chine, qui est gagé sur le pétrole dont les cours tardent à prendre l’ascenseur.
Résultat, le FMI découvre ce qu’il soupçonnait (depuis les visites à Brazzaville en mai 2016 et en juin 2017 de Dominique Strauss-Kahn, son ancien directeur général devenu conseiller économique et financier de Sassou), à savoir, un endettement (lourd) auprès de la Chine (qui est en train de faire une véritable OPA sur le Congo-Brazzaville) et une situation d’endettement plus vicieuse avec certains créanciers privés de plusieurs ordres (Glencore, Trafigura, Commisimpex, etc.), qui traînent, actuellement, le Congo devant les tribunaux internationaux. Résultat, de 77% du PIB comme précédemment présenté au FMI, au début de la négociation, le FMI découvre que l’endettement du Congo-Brazzaville, serait, réellement, de l’ordre de 120% en tenant compte de la dette cachée auprès de la Chine et des créanciers privés (sur notre photo le couple présidentiel en visite d’Etat en Chine en juillet 2016 où on voit Xi Jinping montrer la voie à suivre à Sassou dont l’épouse, Antoinette, est de chinoise vêtue). C’est donc une situation de faillite qui rappelle le cas de l’Argentine en 2014 et, aujourd’hui, du Vénézuela, mais, pas pour les mêmes raisons.
Connaissant, parfaitement, le dossier congolais quand il était au gouvernement, le nouveau président français, Emmmanuel Macron, n’entend pas (au moins pour le moment) s’afficher avec le dictateur de Brazzaville. Alors que Sassou s’est fait désigner (à coups de billets de banque) réconciliateur en chef des Libyens pour le compte de l’Union africaine (dont les dirigeants ont été corrompus), il a été écarté du Sommet de Versailles que le président français a organisé, la semaine dernière, pour mettre autour d’une même table, le premier ministre, Sarraj, et l’homme fort du pays, le général Haftar. Objectif : les mettre d’accord pour la tenue en avril prochain des élections législatives sur toute l’étendue de la Libye. Emmanuel Macron avait pris soin d’inviter le représentant des Nations-Unies en Libye, le Libanais, Ghassan Salamé. Mais point du représentant de l’Union africaine (Jean Claude Gakosso), qui a, déjà, fait le tour de la terre pour faire « pousser » ce dossier libyen, apparemment, sans résultat notable, et surtout, sans reconnaissance évidente des Occidentaux.
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Endettement massif
120% du PIB
Dette chinoise occultée
Créanciens privés agressifs.