Catherine Lagarde, la patronne du FMI qui, contrairement, à son prédécesseur, à cette fonction, Dominique Strauss-Kahn, n’est pas une grande admiratrice du dictateur, Sassou-Nguesso, aurait bien pu se passer d’une telle expérience désagréable. Pour elle, le dossier « Congo-Brazzaville » ne bénéficie pas d’un a priori favorable d’autant plus que ce pays a tout, absolument tout, pour réussir son développement, sans rien quémander à la communauté internationale. Le fait de passer sous les fourches caudines du FMI montre, donc, le degré d’irresponsabilité de l’Etat congolais. Irresponsabilité qui est multipliée à la puissance 4 ou 5 quand, avec la bénédiction de Sassou-Nguesso, le ministre congolais des Finances va jusqu’à falsifier les données économiques pour bénéficier des prêts (avantageux) du FMI et d’autres bailleurs de fonds internationaux. Voilà ce que Brazzaville a tenté de faire, avant que les fins limiers du FMI, ne se rendent compte de la supercherie. Du coup, le Congo-Brazzaville et son chef Sassou-Nguesso, sont très mal côtés au FMI et dans les milieux financiers occidentaux où l’information se partage.
En effet, pour signifier son mécontentement, le FMI a confirmé, ce samedi, 5 août, que le Congo-Brazzaville lui avait caché une partie de sa dette publique lors de leurs discussions bilatérales en vue de parvenir à un programme d’aide et de réformes. Si cette occultation était moins grave, le FMI ne serait pas allé jusqu’à la dénoncer par le biais d’un communiqué. Il le fait pour que nul n’en ignore. Face à un Etat voyou (qui se comporte comme un voyou), il faut aussi utiliser les moyens qui sortent de l’ordinaire.
Le FMI poursuit dans son communiqué de ce jour : « La dette de la République du Congo est en effet plus forte que celle qui était mentionnée dans notre communiqué de presse à la fin du mois de mars 2017 », indique un porte-parole du FMI, Ismaila Dieng.
« Cette nouvelle évaluation est basée sur des informations fournies par les autorités congolaises en juin », poursuit le porte-parole, mentionnant une dette publique représentant 117% du PIB contre le ratio de 77% avancé en mars par Brazzaville. La dette contractée auprès de la Chine avait été, volontairement, occultée. Il en est de même de celle des créanciers privés.
Une mission du FMI doit se rendre, dans « les prochaines semaines », à Brazzaville, pour poursuivre des discussions sur « un programme économique destiné à restaurer la stabilité macro-économique et ouvrir le chemin à la reprise économique ». En fait de « programme de réformes » comme pour les autres pays de la CEMAC (Cameroun, Gabon, Tchad, Guinée équatoriale et Centrafrique), il risque, plutôt, de s’agir d’un véritable « programme d’ajustement structurel coercitif », comme dans les années 70, qui n’aura rien à voir avec les programmes de simple redressement économique et financier, signés par les quatre autres pays. A ce jour, seuls Brazzaville et Malabo n’ont pas encore signé avec le FMI. Toutefois, la situation de la Guinée équatoriale n’est pas alarmante pour le FMI. Contrairement à celle de Brazzaville.
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117% au lieu de 77%
Poursuite des négociations dans quelques semaines
Christine Lagarde
Denis Sassou-Nguesso.