Le dictateur maudirait la diaspora qui a réussi à freiner des quatre fers la signature (facile) d’un programme de redressement avec le FMI, comme il fut recommandé aux six pays de la CEMAC, fin décembre 2016, à Yaoundé, à l’issue d’une réunion à laquelle avaient pris part, les chefs d’Etat de la CEMAC, Christine Lagarde, la patronne du FMI, et Michel Sapin, le ministre de l’Economie de l’époque de François Hollande. La dévaluation du F CFA pour corriger la dégradation profonde des comptes des pays de la CEMAC ayant été rejetée par les six chefs d’Etat, il restait la solution d’une négociation directe avec le FMI, et de façon individuelle. A ce jour, seuls le Congo-Brazzaville et la Guinée équatoriale n’ont pas encore signé. Et pas pour les mêmes raisons.
Le Congo-Brazzaville a pris deux années de retard dans la signature dudit programme. Tenant compte de l’activisme de l’opposition locale, de la société civile nationale et de la diaspora, qui ont inondé (il n’y a pas un autre mot) le bureau de Christine Lagarde de correspondances les unes plus alarmantes que les autres sur la gravissime situation financière du pays, laquelle situation financière qui n’avait rien à voir avec les documents officiels que le gouvernement transmettait au FMI, les fonctionnaires de cette institution en ont tenu compte, certes, très diplomatiquement, mais, en refusant, fermement, de ne rien signer tant que toutes les informations (dettes consenties directement par l’Etat ou indirectement par ses démembrements) n’étaient pas mises sur la table. Le gouvernement (après avoir traîné les pieds) s’est exécuté et au FMI, on ne craint plus de dire que « la dette actuelle du Congo n’est pas soutenable ».
En effet, le décompte de la toute récente mission du FMI à Brazzaville, fait état d’une dette qui se situerait aux alentours de 200% du PIB (soit trois fois plus que la norme admise qui est de 70% du PIB). Ce chiffre ne tient pas compte du fait que toute la dette intérieure n’est pas, totalement, capitalisée, et qu’elle s’accroît tous les jours : salaires non payés, pensions non perçues, etc, toutes choses qui continuent de l’alourdir allègrement.
Certes, la signature d’un accord n’est plus loin, le Congo, pressé de toutes parts, n’ayant plus de répit : lors du Sommet de la CEMAC tenu à N’Djamena, il y a quelques semaines, le Congo (à cause de cette situation) a été mis en index comme étant le pays qui retarde les réformes dans la sous-région. Le dictateur qui assistait personnellement à ce Sommet a été prié de faire avancer le dossier de son pays au FMI. Sa fierté en aurait pris un coup, lui qui prêtait à tout va de l’argent aux pays d’Afrique de l’Ouest en 2013 et 2014 (Guinée, Niger, Côte d’Ivoire, Mali, etc.), émerveillant même le FMI dont c’est le rôle principal.
Cela dit, le FMI a prévenu que l’accord pouvait être signé, mais, à deux conditions : le dictateur devait (absolument) tenir un dialogue (non exclusif) avec toutes les forces vives du pays dans le but d’en sortir une feuille de route consensuelle. Par la suite, il était nécessaire de nommer un gouvernement d’union nationale (avec toutes les oppositions et la société civile) afin d’assurer la mise en œuvre de cette feuille de toute. Pour le FMI, c’est la condition au minimum pour que l’argent à venir ne se retrouve plus dans un tonneau sans fond.
D’où l’activisme actuel du dictateur qui cherche à faire ce qu’il refusait obstinément hier, d’autant plus que la Conférence nationale souveraine des années 90, ne lui a pas laissé de bons souvenirs. C’est cette Conférence qui signa la fin de son pouvoir.
Que les Congolais ne soient, donc, pas étonnés du changement du discours du dictateur. La réalité est simple : s’il veut de l’argent frais du FMI, qu’il dialogue et accepte de co-gérer avec son opposition (radicale) actuelle. C’est à prendre ou à laisser.
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