Le parti de l’homme politique congolais, Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, a été autorisé à reprendre ses activités politiques après trois années d’interdiction. Une décision magnanime du dictateur. Resté militaire même après avoir troqué son treillis au profit des costumes trois pièces qu’il raffole, le général 5 étoiles, Denis Sassou-Nguesso, ne comprend que le langage de la force. La force des armes. Le bruit des orgues de Staline. Jusqu’à l’heure actuelle, au Congo-Brazzaville, seul le pasteur Ntumi (la Bible dans la main) a pu la lui opposer. C’est la raison pour laquelle le pouvoir le respecte. Car il a peur de lui. Après la mascarade électorale de mars 2016, le pasteur Ntumi a sonné la révolte en cherchant à chasser par la force des armes, celui qui venait de s’imposer par la fraude électorale massive. N’ayant pas réussi, il a pris la direction de la forêt où il a mené la vie dure, pendant plusieurs mois, à la soldatesque du dictateur. Comme il n’a pas pu l’atteindre physiquement, il a ordonné l’interdiction de son parti politique, le CNR (Conseil national des républicains), une interdiction qu’il vient de lever, alors qu’il ambitionne l’organisation d’un Dialogue politique dans un contexte socio-politique où lui-même sent que la prochaine élection présidentielle de mars 2021 à laquelle il est candidat, risque d’être un exercice plus que périlleux pour son pays. Tout le monde (y compris la communauté internationale) l’observe.
« C’est le ministre de l’Intérieur (Raymond Zephyrin Mboulou, ndlr) qui a adressé une correspondance au pasteur Ntumi pour lui indiquer que son parti pouvait désormais se redéployer sur l’ensemble du territoire congolais », selon une source au ministère de l’Intérieur.
Selon cette source, Séraphin Ondelé, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, est allé remettre cette correspondance au pasteur Ntumi dans son fief du Pool (Sud).
« Le pasteur Ntumi a bel et bien reçu la correspondance du ministre de l’Intérieur qui réhabilite son parti », a, de son côté, affirmé un proche du révérend pasteur, qui a requis l’anonymat.
Le pasteur vit retranché dans son fief du Pool depuis avril 2016. Cette région a été le théâtre des violences post-électorales, qui ont éclaté au lendemain de la présidentielle contestée de 2016, remportée par le président, Denis Sassou Nguesso (76 ans en 2019, dont plus de 35 au pouvoir).
Son parti a été suspendu la même année par les autorités.
La crise du Pool, qui s’est déroulée à « huis clos » selon des ONG internationales, a provoqué le déplacement de plus de 138.000 personnes.
Fin 2017, un accord signé entre le gouvernement et les représentants du pasteur Ntumi, a mis fin à ce conflit.
Depuis, plus de 8.000 armes collectées auprès des ex-combattants ninjas du pasteur Ntumi ont été détruites.
Le pasteur Ntumi fut un proche de Bernard Kolelas, père des Ninjas. Travaillera-t-il main dans la main avec Paulin Makaya, lui aussi, issu de la même écurie politique ?