Prenons garde. Nous courons le risque de nous enfoncer et disparaître. Ce cri d’alarme n’est pas lancé par n’importe qui. Il sort du ventre d’un authentique membre de ce parti, qui fut très proche du président, Pascal Lissouba, dont il fut, par ailleurs, le Garde des Sceaux. C’est donc une mise en garde sans frais pour les héritiers du professeur des professeurs dont certains se détournent de la voie goudronnée pour emprunter des pistes de campagne pleines de nids de poule.
Le monde bouge. Il va de l’avant et décline. Il avance grâce à l’audace et à l’intelligence active d’hommes et de femmes de progrès. Ceux-ci l’éclairent de leurs lumières, le nourrissent de leur savoir et lui apportent l’élan de leur perspicacité. Là où régnait le silence, des voix, jusque là inaudibles, se font entendre pour diffuser des idées, émettre des opinions et se poser des questions.
En face, en raison de tous types de dommages que causent à l’humanité ses destructeurs, le monde recule. L’UPADS (Union panafricaine pour la démocratie sociale), formation politique, dans un pays en voie de développement, aux nombreux défis à relever, est pris dans ce roulis et tangage de la marche du monde. Et l’explication de l’état des faits non porteurs qu’endure l’UPADS est à trouver dans cette marche.
En effet, avec le décès, le 20 août 2020, à Perpignan, dans le Sud de la France, du président, Pascal Lissouba, fondateur de l’UPADS, lui dont l’aura, le charisme, la stature et la notoriété ont permis à l’UPADS de gagner toutes les élections en 1992, il va sans dire que l’UPADS, plusieurs années, après cette disparition, ne peut prétendre se placer à la hauteur des victoires électorales du président, Pascal Lissouba. Cependant, l’UPADS est en devoir politique et morale de pérenniser les idéaux du président, Pascal Lissouba, au demeurant, travailler à se hisser au rang de grand parti, en vue de la reconquête du pouvoir.
Or, des tensions traversent l’UPADS. Elles ont pour motifs essentiels la non-convocation de son Congrès pour renouveler les organes du parti d’autant qu’il est contesté la prolongation de leurs mandats, depuis l’échéance légale de l’après-Congrès de 2013.
La session du Conseil national de l’UPADS d’avril 2024 ayant enfin fixé la date du Congrès à venir, au deuxième semestre 2025, l’intelligence collective de l’UPADS devrait permettre à ce parti d’éviter les blocages, au risque de s’enfoncer davantage et disparaître d’une scène politique, presque entièrement occupée par le camp présidentiel où domine le Parti congolais du travail dont la présidence du Comité central est assurée par le président de la République. Une posture confortable qu’a vécue l’UPADS au moment où le président, Pascal Lissouba, était à la tête du Congo.
De leur prochain Congrès, les militants de l’UPADS, toutes tendances confondues, voudraient d’un Congrès du réel changement en actes. Un vrai Congrès unitaire, avec la double ambition de réunir pour réussir durablement. La chose est possible. L’UPADS est une source intarissable d’hommes et de femmes de valeur. Sa réserve militante, quoique désenchantée par les mauvaises performances électorales de ces derniers temps, est bien mobilisable, sur les causes justes et légitimes. Et celles-ci abondent au Congo, dans tous les domaines de la vie nationale. Certaines d’entre elles n’ont jamais eu de réelle et définitive solution, depuis l’indépendance du pays. Le pouvoir en place, dans le pays, ne donnant pas la preuve réelle des efforts menés pour leur plein accomplissement, les ressources nationales pour y arriver ne manquant pourtant pas.
Que faire alors ?
Au prime abord, à la direction de l’UPADS d’examiner la période et les modalités de la levée des sanctions contre les militants de l’UPADS, décrétées au Conseil national d’avril 2024. Examiner la période de la levée pour marquer l’effet des peines. En étudier les modalités, afin d’indiquer la manière dont devraient être effacées ces sanctions, d’autant qu’elles proviennent du Conseil national. Ainsi, l’exigence de la création d’une Commission ad hoc soulevée par les membres de l’UPADS, regroupés au sein de l’Esprit UPADS, pourrait trouver son dénouement par l’installation d’une Commission préparatoire du Congrès où siégeraient, sans discrimination, les représentants de l’esprit UPADS. Ici, la concorde devrait jouer à fond.
Le financement du Congrès est une autre paire de manches. Un serpent de mer. Un sujet dont les militants de l’UPADS se préoccupent, mais, qui ne débouche généralement pas sur du concret. La contribution financière de tous les membres du parti doit être rendue obligatoire, moyennant deux dispositions. La hiérarchisation, du haut en bas, des taux de cotisation en fonction de la position sociale et l’échéance du dépôt de la contribution au delà de laquelle est compromise la participation au Congrès du concerné.
Un troisième point dont il faudrait réussir la perfection réside, au cours des travaux du Congrès, dans le caractère transparent, démocratique et non exclusif de la candidature au poste du premier secrétaire de l’UPADS. Aucune discrimination ne devrait toucher l’actuel, en chaire, depuis décembre 2006. A lui même, s’il sent la saturation de son long mandat, d’exprimer le refus de se porter prétendant. Quant au président du Congrès, devrait être désignée une figure respectueuse, mobilisatrice, porteuse de valeurs d’unité, avec un sens aigu de la synthèse. Les organes issus du Congrès devraient se détacher de la tendance contre productive à la purge du Congrès du 7 juin 2013, préparé dans un climat de mésentente et de querelles, ce qui a consacré la discorde au sein du parti.
Tout ceci dit, l’UPADS reste une alternative crédible et une offre politique décisive pour le changement au Congo. L’attente est ressentie dans l’opinion. Par ailleurs, les membres de l’UPADS ont hérité l’UPADS du président, Pascal Lissouba, pour entretenir la flamme que ce dernier avait insufflée à ce parti et veiller à ce qu’elle ne s’éteigne pas, étincelle après étincelle. A défaut, si l’on n’y prend garde, l’UPADS s’effritera, au jour le jour, comme un vieux meuble de simili cuir, jusqu’à disparaître. Ce qui serait dommageable pour bon nombre de militants dont nous autres qui avions fait de l’UPADS une passion et entendons rester toute notre existence, attachés à ce parti. Un engagement ferme que nous estimons définitif.
Joseph Ouabari Mariotti
est ancien Garde des Sceaux du
président Pascal Lissouba.