Alors qu’il était annoncé, mardi, 29 mars, à Bangui, le « grand médiateur international de la crise centrafricaine » a, finalement, fait faux bond, après avoir changé d’avis à la dernière minute. Prenant le protocole centrafricain au dépourvu, il a, finalement, quitté Brazzaville, tôt le matin de mercredi, 30 mars, pour arriver à Bangui M’Poko, à 8 heures. Chose notable : contrairement à ses habitudes, il a voyagé, cette fois, seul, sans femme et enfants. A la fin de l’investiture, il a, immédiatement, repris son avion, manquant certains rendez-vous, et, surtout, le dîner d’Etat offert, dans la soirée, par la présidente sortante, Catherine Samba-Panza, en l’honneur de son successeur, le professeur, Faustin Archange Touadera.
Selon certaines sources, le dictateur passe de mauvais moments qui font qu’il va jusqu’à avoir peur de sa propre ombre. A Bangui, on a été étonné de sa visite éclair (allez retour le même jour), alors que, généralement, il aime bien prendre du bon temps, au milieu des fastes et des honneurs, et adore se faire applaudir. C’est du jamais vu de sa part depuis Patassé, Bozizé, Djotodia et même Samba-Panza.
Autre invitation qui vient au mauvais moment pour le dictateur : l’investiture de son homologue, Mahamadou Issoufou, est prévue, samedi, 2 avril 2016, à Niamey. Pour lui montrer qu’il tenait à sa présence, à cette occasion, Issoufou avait dépêché, il y a quelques jours, à Brazzaville, sa ministre des Affaires étrangères, pour lui remettre son carton d’invitation, en mains propres. En retour, le dictateur l’avait assuré de sa présence effective à son investiture. Sauf que la présidentielle du 20 mars est passée par là, marquée par un fâcheux passage en force du dictateur que l’opposition a dénoncé et refusé, et qui n’est pas, non plus, du goût de la communauté internationale. Du coup, Sassou qui avait prévu d’être, à Niamey, dès ce vendredi, 1er avril, soir, avec ses copains, les présidents du Mali et de Guinée-Conakry, qui y sont, déjà, semblait, toujours, bloqué à Brazzaville, jusqu’à il y a quelque temps, notait notre informateur. Au meilleur des cas, c’est demain qu’il se pourrait qu’il prenne l’avion pour Niamey, sauf changement de dernière minute.
Dans tous les cas, on a compris que le dictateur ne distille plus les informations sur ses sorties du territoire à l’avance, pour des raisons de (haute) sécurité. Comme qui dirait l’autre, il est, définitivement, atteint par cette maladie de dictateurs qu’on appelle, la « phobie du coup d’état » qui ne frappe que les présidents mal ou non élus. Quel retournement de situation ! N’est-ce pas la Bible que Sassou sait lire (puisqu’il avait été consacré pasteur dans le Kouilou), qui dit que « Qui crache en l’air retombe sur son visage. Et qui a tué par l’épée périra par l’épée » ?
Le 6 avril, c’est Boni Yayi qui l’a prié d’assister à l’investiture de son successeur, Pascal Talon. On verra comment, cette fois, encore, le dictateur organisera son départ de Brazzaville pour assister à cette cérémonie, lui qui a très peur d’être cueilli comme un fruit mûr.