Un climat politique très tendu règne, en RDC, depuis plusieurs mois. L’opposition congolaise craint que le président, Joseph Kabila, au pouvoir, depuis 2001, et à qui la Constitution interdit de briguer un nouveau mandat, ne reporte le scrutin présidentiel prévu, en fin d’année, pour s’accrocher au pouvoir. On rappelle que les présidents de l’Afrique centrale sont, totalement, rétifs à l’alternance démocratique, contrairement, à leurs homologues de l’Afrique australe, de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest. En Afrique centrale, quand on arrive au pouvoir, c’est pour y mourir. Joseph Kabila, malgré sa position de plus en plus inconfortable, n’entend pas déroger à cette règle. Une crise majeure du fait de l’entêtement de Kabila (comme au Burundi, au Congo-Brazzaville et certainement demain au Gabon) n’est pas à exclure, en RDC.
Agé de 83 ans, le doyen est rentré, mercredi, 27 juillet, en République démocratique du Congo (RDC), par un vol privé, avant d’être accueilli, comme un messie, à Ndjili International Airport : 5 heures de temps pour parcourir les 20 kilomètres qui séparent l’aéroport de sa résidence privée, à cause de la marée humaine, venue le saluer. Il venait de passer deux ans de convalescence en Belgique. La RDC, après 56 années d’indépendance ne dispose, toujours, pas d’un hôpital, digne de ce nom où on peut, efficacement, se faire suivre.
Opposant sous la dictature de Mobutu Sese Seko (1965-1997), Etienne Tshisekedi a, aussi, combattu le régime de son successeur, Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel chef de l’Etat. Il était arrivé « deuxième » de la présidentielle de 2011, dont il avait rejeté les résultats.
Jusqu’ici, l’opposition congolaise n’a, jamais, réussi à former un Front uni contre le régime de Joseph Kabila. Il y a un mois, le néo-opposant, Moïse Katumbi, a été mis, en difficulté, par le régime et contraint de partir à l’étranger où il se trouve, en ce moment.
Dans un tel contexte, l’opposition espère que le retour d’Etienne Tshisekedi, encore, très populaire (notre photo montrant le doyen hier pendant son meeting à Kinshasa), permettra d’obtenir des avancées face au président sortant, soupçonné de vouloir demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son mandat, au mépris de la Constitution.
Etienne Tshisekedi affirme ne pas voir d’un bon œil le schéma de la médiation actuelle que conduit, pour le compte de l’Union africaine (UA), l’ancien premier ministre du Togo, Edem Kodjo. La méfiance du leader rdcongolais à l’endroit de la médiation de l’UA se serait accentuée après l’intérêt (très calculé) du président congolais, Denis Sassou-Nguesso, pour cette médiation. Selon certaines sources, en effet, il conseillerait, vivement, à Kabila de se maintenir à la tête du Congo-Kinshasa, ce qui a tendance à compliquer la tâche du médiateur de l’UA qui, lui, cherche, véritablement, à réussir sa mission. Sassou qui s’est, lui-même, maintenu à la tête du Congo-Brazzaville après avoir changé la constitution et gagné la présidentielle suite à une fraude gigantesque, avait, aussi, conseillé à Pierre Nkurunziza, de ne pas quitter le pouvoir, comme le stipulaient la Constitution du Burundi et les Accords d’Arusha. Résultat : aujourd’hui, Brazzaville et Bujumbura connaissent une crise politique sans précédent. Sassou voudrait, sans doute, que Kinshasa s’ajoute à cette « short list ».
Etienne Tshisekedi s’est exprimé sur le podium orné d’une bâche bleue portant les inscriptions : « Le Rassemblement, amour du Congo – Unité de l’opposition ».
Sur des banderoles on pouvait lire: « Le changement c’est maintenant »; « pas de dialogue sans libération des prisonniers politiques et d’opinion ».