Le samedi, 10 janvier, l’Union pour le Progrès (UP), a tenu une conférence de presse, à Brazzaville, dont la déclaration liminaire présentée, à cette occasion, est publiée ci-dessous.
L’UP affirme que Denis Sassou Nguesso n’a ni le pouvoir, ni le droit de changer la constitution, le Congo ne vivant pas une crise ayant bouleversé le pays, et provoqué le blocage du fonctionnement normal des institutions étatiques, comme en 1963, en 1968, en 1990-1991, et, en 1996-1997. A moins de commettre un crime de haute trahison, le président, Denis Sassou Nguesso, n’a que le devoir de terminer son mandat actuel et de permettre l’organisation de l’élection présidentielle, en juillet-août 2016, sans sa candidature.
L’UP ne s’oppose, pas néanmoins, au vrai dialogue national qui s’impose de toute évidence dans le cadre de la gouvernance électorale, autour des objectifs suivants :
– Le respect des droits et libertés édictés au Titre II de la constitution de 2002 (interdiction d’arrestation et de détentions arbitraires, prohibition de la torture et de tout acte inhumain, libre circulation, liber té d’aller et de venir, liberté d’expression, liber té d’association, de réunion, de cortège et de manifestation, liber tés syndicales et droit de grève). Le respect de ces droits et liber tés, est indispensable à la mise en œuvre des objets suivants, qui fondent le dialogue politique national, à savoir :
– La mise en place d’une véritable Commission électorale nationale indépendante, étant entendu que le principe de sa création reste un préalable intangible ;
– L’élaboration d’une nouvelle loi électorale ;
– L’organisation d’un véritable recensement administratif spécial paritaire ;
– La conception de cartes électorales fiables.
Toute autre perspective, dans les conditions actuelles, du genre « Transition », reviendrait, en dernière analyse, à donner une bouffée d’oxygène, au pouvoir, puisque la Transition signifie que l’ordre constitutionnel, en vigueur, a cessé d’exister. Ce fut le cas, en 1963, en 1968, en 1991 et en 1997. C’est le cas, aujourd’hui, en RCA, au Burkina Faso, et, hier, en Tunisie.
Partant, instaurer une Transition, aujourd’hui, veut dire que le président Sassou n’ira, donc, pas, alors, au bout de son mandat actuel, qui prendrait, fin, avec l’instauration de la Transition. Le président Sassou, de ce point de vue, et, en s’appuyant sur notre pratique constante, en pareille circonstance, pourra se présenter, alors, à l’élection présidentielle, qui sera organisée, à la fin de la période de Transition. Comme, hier, Massamba-Débat, en 1963, Ngouabi, en 1968, Sassou Nguesso, en 1979, Sassou Nguesso et Milongo, en 1992, et, Sassou Nguesso, en 2002. La ficelle est, un peu, grosse !!! C’est tout le sens de la Déclaration qui suit.
DÉCLARATION DE L’UNION POUR LE PROGRÈS – UP SUITE AU MESSAGE DE VOEUX DU NOUVEL AN 2015 DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AU PEUPLE CONGOLAIS
Après avoir écouté et lu le message à la nation du président de la République, à l’occasion des vœux du Nouvel An 2015, notre Parti, l’Union pour le Progrès (UP), eu égard à la délicatesse de la conjoncture politique du moment, a jugé bon de tenir une conférence de presse, pour faire la déclaration que voici : L’Union pour le Progrès (U.P.) prend acte des intentions du président de la République quand il compatit avec les Congolaises et Congolais pour les souffrances endurées à cause des inondations et autres sinistres, pourtant, évitables, qui sont devenus, assez, fréquents, bien qu’il soit resté taisant sur les souffrances qu’endurent, encore, des milliers de sinistrés et victimes de la catastrophe de Mpila, du 04 mars 2012. Notre Parti prend, également, acte des projets économiques qu’il envisage pour réduire le chômage des jeunes. Encore que, sur les 18 mois qui restent avant la fin de son mandat présidentiel, on est en droit de se dire : « Devant l’immensité des problèmes économiques et sociaux du pays, que peut-il faire de fondamental qu’il n’a pas accompli durant les 12 années passées ? ». En revanche, le peuple congolais aurait, cependant, aimé, à ce sujet, entendre le président annoncer, d’une part, sa résolution de faire rendre compte à tous ceux qui ont dilapidé et dissipé les milliards du Congo et son patrimoine pour jouissances et enrichissements personnels, commettant, ainsi, des crimes économiques impardonnables et imprescriptibles et, d’autre part, son engagement à faire voter la loi sur l’obligation de déclaration du patrimoine attendue depuis 2002, et ce, en application de l’article 48 de la Constitution.
L’Union pour le Progrès (U.P.) regrette, surtout, et, très, vivement, qu’au terme de presqu’une année de débat ardu et intense sur le changement ou non de la constitution, en vigueur, le président, Denis Sassou Nguesso n’ait pas voulu être clair et catégorique. Tout le peuple congolais sensibilisé, à ce sujet, et, tous les observateurs étrangers de la politique au Congo, attendaient qu’il mît fin, au débat, qui agite toute la nation. Le peuple attendait, de lui, qu’il dise en substance ce qui suit : « Congolaises, Congolais ! Chers compatriotes ! Je vous ai compris. Je sais lire la Constitution que je respecte profondément parce que j’ai prêté serment pour la défendre ainsi que les institutions qui en sont issues. Je respecte tout aussi profondément votre volonté, vous qui aviez voté cette constitution. C’est pourquoi je vous annonce clairement que la constitution du 20 janvier 2002 sera respectée. L’élection présidentielle aura lieu en juillet 2016, et je ne serai pas candidat conformément à la Constitution que j’ai personnellement initiée ».
Au lieu de ces propos sans ambiguïté attendus par tous, le président a demandé que le débat persiste entre les pros et les antis changement de la constitution. Et il a menacé de « consulter le peuple » (c’est-à-dire d’imposer un référendum) si ce débat s’envenime et se traduit en oppositions irréductibles. Le président sait, pourtant, en homme politique avisé, qu’à ce sujet, les Congolaises et Congolais ne pourraient, jamais, aboutir à on ne sait quel consensus général. L’Union pour le Progrès informe, par ailleurs, l’opinion nationale et internationale que les membres des partis et autres forces vives de la Nation acquis au respect de l’ordre constitutionnel, en vigueur, sont, pratiquement, interdits de réunions, dans les salles des « Maisons Communes », de même, que, les réunions tenues par les mêmes forces, sur ce sujet, dans des lieux privés sont, par fois, violemment, dispersées par des policiers sans tenue officielle. Pendant ce temps, les médias d’Etat sont squattés, en permanence, par le PCT et les éléments du pouvoir, qui s’y répandent en arguties spécieuses et désolantes, en vociférations à même de briser le tympan de tout auditeur et téléspectateur.
L’U.P. rappelle que le débat sur la constitution est né depuis les sphères du pouvoir et introduit, malicieusement, « dans le marigot politique congolais » par les laudateurs du président Denis Sassou Nguesso. Le peuple n’y a, jamais, pensé et n’en a, jamais, eu besoin. Et le but de ce changement de constitution avait été, clairement, annoncé dès le début : il faut permettre à Denis Sassou Nguesso de se maintenir, au pouvoir, au-delà de 2016.
Le peuple congolais qui goûte la paix retrouvée qui l’a préservé des querelles institutionnelles, sans fin, n’a que faire d’un débat créé, de toutes pièces, et, lourd de dangerosité évidente. Et, c’est convaincu de cette dangerosité que le président menace, par avance, d’imposer un référendum au peuple.
L’U.P. estime que le seul moyen d’éviter au peuple congolais, de nouveaux malheurs sanglants, est de mettre, fin, à ce débat, et, d’annoncer que la constitution ne sera pas changée jusqu’à la fin de l’exercice, en cours, de même que Denis Sassou Nguesso ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle. C’est eu égard à cela que le message du président de la République est, donc, ambigu. Il annonce, en effet, un calendrier électoral qui fait, faussement, croire que la constitution ne sera pas changée : élection présidentielle en 2016 et élections législatives en 2017.
L’UP fait, cependant, remarquer : premièrement, que le président ne dit pas qu’il lui est interdit d’être candidat en 2016 ; deuxièmement, qu’il se projette en 2017 alors que cela est censé ne plus le concerner en tant que super viseur puisqu’il aura quitté le fauteuil présidentiel en 2016. C’est un lapsus très significatif d’un jeu de cache-cache difficilement maîtrisé ; troisièmement, qu’il a, par ailleurs, autorisé le parti PCT dont il est le président – en violation des dispositions constitutionnelles (alinéa.2 de l’art.72) – à adopter et prôner la position que rejette l’écrasante majorité des Congolais : celle de changer de constitution avant l’élection présidentielle de 2016. Tout connaisseur du jeu politique congolais sait que le PCT n’adopte jamais une position que son chef, le président Denis Sassou Nguesso, n’a pas agréée. Tout cela pousse à conclure que le président Denis Sassou Nguesso et le PCT, son parti, ont un agenda commun caché. Un commentaire d’un sénateur, membre du Bureau politique du PCT, l’a presque avoué en disant : « C’est un calendrier, mais comme tout calendrier, il est susceptible d’être modifié…». En termes plus explicites, le référendum qui est l’option réelle du pouvoir, viendra changer le calendrier indiqué dans ce message. Le président, Denis Sassou Nguesso, n’a, peut-être, pas voulu l’annoncer, maintenant, dans un simple souci de ménager la communauté internationale et gagner de temps.
L’Union pour le Progrès (UP) avertit le peuple congolais et tous les démocrates que le référendum à la Compaoré que compte proposer le président Sassou, est un piège à double entrée tendu par le pouvoir, vu les dispositions électorales légales actuelles que ce pouvoir n’a, jamais, voulu, en aucun cas, changer malgré les prétendues « concertations » d’Ewo et de Dolisie, mais, sur tout, malgré les conclusions du rapport de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) à ce sujet : une Commission nationale électorale (CONEL), à sa botte, un découpage électoral non équitable, et, un fichier électoral révisé par les seuls partis du pouvoir, au profit de ce pouvoir. Dans ces conditions, un boycott massif des anti-changement donnera ipso facto la victoire au pouvoir. De même, une participation massive au vote pour choisir le « NON » sera convertie, en victoire, du pouvoir, parce que la CONEL sait y faire.
L’UP se prononce contre ce référendum qui n’est, d’ailleurs, pas constitutionnel. L’article 86 de la constitution relatif aux matières du référendum ne prescrit, rien, à propos de changement de constitution pour « convenance personnelle ». Ce référendum est un leurre, comme l’est le fameux dialogue auquel les partis politiques et autres forces vives sont conviés. Le président de la République n’a de choix que de continuer son mandat jusqu’à son terme et de laisser organiser en 2016, par une vraie CENI, une élection présidentielle à laquelle il ne sera pas candidat. C’est la seule alternative honorable. Il doit être conscient du fait que toute autre voie mettra le pays, en danger, et, il sera tenu pour responsable d’éventuels dérapages découlant de l’entêtement de son parti qui a perdu toute âme démocratique.
Considérant que le pouvoir a choisi de saborder la constitution sur la base de laquelle il a été investi, l’UP estime que seul un large Front des anti-changement de la constitution, en vigueur, au pays, et, dans la diaspora, peut mettre un frein à la dérive anti-démocratique dans laquelle le président et le PCT entendent engager notre pays, quitte à le replonger dans les affres de la division sociale et des guerres fratricides insensées. Pour «convenance personnelle», le Congo ne mérite pas une nouvelle guerre.
L’Union pour le Progrès (U.P.) tout en saluant le courage des partis alliés du PCT, ainsi que, certains éminents membres du PCT qui se démarquent, publiquement, de sa position, lance un vibrant appel à tous les démocrates épris de paix véritable à tout mettre en œuvre pour l’organisation du Front de refus au changement de l’ordre constitutionnel en vigueur, d’ici à l’an 2016. Tous unis, la victoire est certaine.
Fait à Brazzaville, le 10 janvier 2015
Pour la Conférence des Présidents de l’U.P.
Omer Defoundoux