La deuxième semaine de négociations à la COP27 s’ouvre à Sharm-el-Sheikh, où les ministres des différents pays sont attendus. A l’issue de la première semaine, les discours politiques donnés par les chefs d’Etat peinent à se traduire en actes concrets dans les négociations, alors que la place accordée au secteur privé menace la crédibilité du processus.
Que ce soit sur l’adaptation au changement climatique, la finance climat, les pertes et dommages ou la réduction des émissions, les pays n’ont quasiment rien apporté de nouveau sur la table pour donner une impulsion aux négociations.
Les annonces de financement en lien avec les pertes et dommages (les conséquences irréversibles du changement climatique) se comptent en millions alors que les besoins se chiffrent en milliards. Et pour la plupart des pays, cet argent n’est pas nouveau : initialement destiné à aider les pays du Sud à réduire leurs émissions et à s’adapter, il a été redirigé vers les pertes et dommages.
Sur la réduction des émissions, quasiment aucun pays n’a soumis de nouveaux objectifs de baisse d’émissions, à l’exception notable du Mexique, alors qu’ils sont loin d’être sur la bonne trajectoire pour respecter l’Accord de Paris (la température devrait augmenter entre 2,4°C et 2,6°C avec les objectifs actuels d’ici la fin du siècle), condamnant la planète et ses habitants à des conséquences du dérèglement climatique de plus en plus intenses et incontrôlables. Pire, certains pays comme les Etats-Unis prônent notamment la compensation via des marchés carbone non régulés pour financer la transition énergétique des pays en développement. Pourtant, certains projets de compensation ont des effets néfastes sur la biodiversité et les droits humains (plantations de monocultures, accaparement de terres et expropriation auprès de communautés locales). Les marchés non régulés augmentent ces risques.
La situation des droits humains occupe également une place importante lors de cette COP, avec la venue lors de la première semaine de Sanaa Seif, sœur du prisonnier politique, Alaa Abd El-Fattah, actuellement, en grève de la faim dans le pays. La société civile a marché dans le centre de conférence, samedi, 12 novembre, pour rappeler qu’il ne peut y avoir de justice climatique sans droits humains.
Le rôle des lobbyistes du secteur privé, et notamment, ceux des énergies fossiles, au nombre de 636 (soit une augmentation de 25% par rapport à l’année dernière), fragilise la crédibilité de la COP et menace l’atteinte de résultats ambitieux. A un an du Bilan Mondial, le mécanisme d’évaluation de l’Accord de Paris, l’heure est à l’action et non aux fausses solutions.
Alors que les différents textes de négociations se poursuivent désormais à un niveau plus politique, il est impératif que la COP27 aboutisse à des résultats concrets pour répondre aux impacts du changement climatique. La France doit notamment soutenir la création d’un mécanisme de financement pour les pertes et dommages dans les négociations. Le Sommet des chefs d’Etat du G20, qui aura lieu les 15 et 16 novembre, à Bali, doit envoyer un signal politique fort pour pousser les pays à conserver les acquis du Pacte de Glasgow adopté l’année dernière à la COP26 et à aller au-delà pour accélérer les efforts, conformément, à la science.