Après avoir initialement exprimé son mécontentement, le président américain, Donald Trump, s’est ravisé, affirmant que les récents tirs de missiles nord-coréens n’avaient en rien entamé sa relation avec Kim Jong-un. En réalité, Trump n’a plus le choix à deux ans de l’élection présidentielle où la majorité des Américains souhaitent le voir partir. Une pétition qui vient d’atteindre 10 millions de signatures, circule actuellement dans ce sens. Après sa politique unilatérale dans les conflits israélo-palestinien et iranien, il ne peut plus se permettre un échec dans le dossier nord-coréen. D’autant plus que le « leader bien aimé » a su sortir de son isolement diplomatique en contournant la raideur de son interlocuteur américain, et en s’attirant la protection de deux membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir, la Russie et la Chine. Le jeune leader charismatique nord-coréen n’est-il pas en train de mener, actuellement, le vieux président de la Maison Blanche, par le bout du nez ?
Pyongyang a lancé deux missiles de courte portée, jeudi, 9 mai, le deuxième essai militaire en moins d’une semaine. Il s’agit d’une première depuis un an et demi et la spectaculaire détente sur la péninsule coréenne marquée par l’amorce de négociations sur les programmes nucléaire et balistique du Nord.
« Je ne considère pas cela du tout comme une rupture dans la relation de confiance. A un certain moment, cela pourrait arriver. Mais à ce stade, non », a, pourtant, déclaré, vendredi, 10 mai, Donald Trump dans un entretien à Politico.
« Il s’agissait de missiles de très courte portée, quelque chose de très standard », a-t-il insisté.
Vingt-quatre heures plus tôt, pourtant, depuis la Maison Blanche, le milliardaire américain avait laissé poindre son agacement, et une forme d’impatience sur ce dossier sur lequel il espère réussir là où tous ses prédécesseurs – républicains comme démocrates – ont échoué.
« Personne n’est content de ce qui s’est passé », avait-il lancé, s’interrogeant ouvertement sur la réelle volonté du régime reclus de négocier sur la dénucléarisation.
Le président américain risque-t-il, à un moment donné, de perdre confiance en Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen qu’il a rencontré à deux reprises et avec lequel il affirme inlassablement avoir d’excellentes relations ?
« C’est possible que cela m’arrive à un certain moment, mais, pour le moment, pas du tout », a-t-il répondu.
Méthode Coué ? En dehors de ses succès économiques sur le plan national qui ont permis de retrouver le plein-emploi aux Etats-Unis, Donald Trump est, paradoxalement, le président le plus clivant de tous les temps, qui a brisé la bonne entente qui régnait entre les Etats-Unis et l’Europe. Il fait cavalier seul au sein de la diplomatie internationale où il est considéré comme un va-t-en guerre : le conflit israélo-palestinien où la Palestine ne le reconnaît plus comme médiateur après avoir opté pour le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem ; le nucléaire iranien où, unilatéralement, il a rompu l’accord qui liait l’Iran aux Etats-Unis, à la Russie, à la France, à la Grande Bretagne et à l’Allemagne. Il existe d’autres sujets où les Etats-Unis sous Trump font cavaliers seuls. Dernier dossier qui lui permette encore de redorer son blason, c’est la Corée du Nord où il avait cherché à imposer ses vues unilatérales avant de trouver sur sa route le jeune mais radical « leader bien aimé » qui connaît tout aussi bien de quelle manière préserver les intérêts de son pays. Ne pouvant plus se permettre un échec après avoir dit tant du bien de ce dernier, il semble coincé à l’idée de faire des concessions qui consisteraient à donner des assurances à Pyongyang en termes de pérennité de son système (on a vu comment Kadhafi avait fini) et de relance de l’économie actuellement asphyxiée sous l’embargo.