La Corée du Sud traverse une des périodes les plus turbulentes de son histoire politique caractérisée par la destitution, le 14 décembre, de son président, Yoon Suk Yeon, par l’Assemblée nationale. Une dizaine de jours plus tôt, celui-ci avait activé la loi martiale afin de museler un parlement qui lui était hostile, car contrôlé par le chef d’opposition, Lee Jae-Myung.
Yoon Suk Yeon (notre photo) n’avait pu être stoppé que grâce à la mobilisation des Sud-Coréens et à la détermination de leurs législateurs, qui bravèrent les forces spéciales dépêchées sur place pour empêcher toute tentative d’annuler ce coup de force. La Cour constitutionnelle devrait valider ladite destitution, ce qui ouvrira la voie à de lourdes poursuites judiciaires contre le président.
En attendant cette validation de l’autorité constitutionnelle, les partenaires de la Corée du Sud peuvent déjà s’inquiéter des conséquences de tout ce tumulte chez un de leurs alliés asiatiques. En effet, la stabilité de Séoul est un atout d’ordre multilatéral pour l’OTAN, mais aussi, d’ordre bilatéral pour Washington, Paris, Berlin, Londres etc…dans leur plan d’en découdre avec Pékin.
Ces inquiétudes ne devraient, en revanche, pas concerner les capitales africaines, après le premier Sommet Corée du Sud-Afrique organisé par le gouvernement de Yoon Suk Yeon en début juin. Séoul avait, alors, promis 10 milliards de dollars de financements pour l’horizon 2030, afin de sécuriser l’accès sur les minerais stratégiques dont regorgent le continent.
Aucune dénonciation du rapprochement avec l’Afrique ne devrait donc suivre l’accession au pouvoir, sauf grosse surprise, de Lee Jae-Myung en remplacement du futur ex-président, Yoon Suk Yeon. Ressortant comme le grand vainqueur du chaos actuel dans son pays, le chef de l’opposition est crédité du soutien le plus élevé, si l’on s’en tient aux sondages d’opinion.
Se réclamant indépendant, à l’image du vent de souveraineté présent en Afrique, Lee Jae-Myung pourrait même accélérer le rapprochement avec les partenaires africains. D’ailleurs, il avait déjà fait part de sa volonté de collaborer avec les dirigeants nord-coréen, chinois et russe, se positionnant ainsi à l’opposé de la vision occidentale sur ces trois nations.
Yoon Suk Yeon est un nouveau cas de dirigeant occidental, aux aptitudes en matière de gouvernance laissant plus qu’à désirer, qui estimait pouvoir faire comme bon lui semble à la tête de l’Etat. Malheureusement, l’opposition a su faire bloc pour pouvoir le faire tomber. Si seulement sa fin chaotique pouvait servir d’avertissement à son ancien collègue, Emmanuel Macron ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)