L’African national congress (ANC) de Cyril Ramaphosa fait face à ses plus vieux démons que sont la corruption et la mauvaise gouvernance. Réputé au-delà des frontières africaines pour son niveau exceptionnel de corruption, le parti au pouvoir sudafricain pensait avoir limité la casse liée à sa gestion calamiteuse du pays l’été dernier en se voyant contraint de coaliser avec la Democratic Alliance (DA) pour former une majorité parlementaire, et continuer à gouverner. Que non !

Mais, les récents épisodes diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud montrent que les tentatives de Cyril Ramaphosa de se rapprocher de Donald Trump ont totalement échoué. Alors que plusieurs médias pointent du doigt le caractère bouillant du président américain, la réalité est ailleurs. En effet, la pression exercée par la Maison Blanche ne concerne pas l’ensemble du gouvernement sud-africain, mais, précisément l’ANC.

A l’inverse de ce dernier, la DA a été reçue en audience en début de mois à Washington sans aucune difficulté. Le fait que l’ambassadeur, Ebrahim Rasool, ait été récemment déclaré persona non grata aux Etats-Unis n’est que la continuité de l’éloignement imposé par Donald Trump aux cadres de l’ANC. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas au bout de leurs peines puisque Washington vient de lancer une enquête sur des faits de corruption les concernant.

Quelques mois avant les élections de mai 2024, les comptes de l’ANC étaient passés du rouge au vert suite à un don suspect de plusieurs centaines de millions de rand. Interpellée, la Commission électorale indépendante (CEI) avait refusé de faire la lumière sur ce dossier, permettant ainsi à l’ANC de compétir pour le scrutin. Ce qui remettrait en question la légitimité du second mandat de Ramaphosa. La Haute Cour du Nord de Gauteng a été saisie pour confronter l’organe électoral.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)