En attendant que le capitaine, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso du 15 octobre 1987 au 30 octobre 2014, prenne son courage à deux mains pour aller affronter la justice de son pays, le Burkina Faso, les relations entre Abidjan et Ouagadougou, malgré la volonté des deux chefs d’Etat et de leurs ministres des Affaires étrangères, seront teintées de méfiance. La naturalisation ivoirienne de l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014, donne une « image triste » du pays, a estimé le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, mercredi, 2 mars.
« Ce n’est pas bien et ça donne une image triste du système politique de la Côte d’Ivoire », a déclaré M. Affi N’Guessan lors d’une conférence de presse au siège de son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI), fondé par l’ancien président, Laurent Gbagbo, actuellement, jugé par la Cour pénale internationale à La Haye. Affi N’Guessan souhaiterait voir Compaoré répondre de ce que lui reproche la justice burkinabé, étant donné que l’ancien pouvoir de Gbagbo a, aussi, des choses à lui reprocher.
Blaise Compaoré (sur notre photo avec son épouse Chantal) étant sur place, à Abidjan, et de surcroît ivoirien, Affi N’Guessan ne devrait-il pas en profiter pour saisir directement la justice de Côte d’Ivoire afin que l’ancien président du Burkina Faso puisse s’expliquer par rapport à sa gestion de la rébellion ivoirienne conduite par Guillaume Soro ?
Pour l’heure, Affi N’Guessan préfère philosopher : « Au plan juridique, je ne vois pas comment le changement de nationalité peut protéger quelqu’un qui est accusé de crimes. Tous ceux qu’on (traduit devant) la CPI ou devant les tribunaux, ils ont une nationalité. Au moment où il (Compaoré) commettait les faits pour lesquels il est accusé, il n’était pas Ivoirien », a-t-il estimé.
Blaise Compaoré « devrait donc avoir le sens de l’honneur et aller (au Burkina) pour faire rétablir la vérité », selon M. Affi N’Guessan, estimant « honteux » que l’ex-président veuille se soustraire à la justice.
« Nous, au FPI, on sait que le président Blaise Compaoré ne peut pas échapper à la justice de son pays (…) Il faut qu’il clarifie cette page de son histoire car les Burkinabé en ont besoin », a-t-il conclu.
Blaise Compaoré et son frère cadet, François Compaoré, ont été naturalisés ivoiriens par un décret signé par le président ivoirien, Alassane Ouattara, daté du 17 novembre 2014, mais, publié au journal officiel en janvier 2016.
M. Compaoré, inculpé par la justice burkinabè d’attentat contre la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat et complicité de recel de cadavre, est visé depuis décembre 2015, par un mandat d’arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l’ancien chef d’Etat, Thomas Sankara, en 1987.
La naturalisation de Blaise Compaoré devrait mettre un terme au problème de son éventuelle extradition vers le Burkina, pense-t-on à Abidjan, la loi ivoirienne prévoyant que la Côte d’Ivoire n’extrade pas ses ressortissants. Toutefois, rétorque Ouagadougou, il s’agit des faits qui se sont déroulés quand Blaise Compaoré n’était pas encore ivoirien mais burkinabé, ce qui ne peut le soustraire à la loi, sauf s’il bénéficie d’un paratonnerre politique, en Côte d’Ivoire.
Avec AFP