Le candidat à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a dénoncé, mardi, 24 décembre, « la brutalité inacceptable » des forces de l’ordre à l’encontre de ses partisans, quelques heures après l’émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre par la justice ivoirienne. Soro, le chrétien, voulait fêter Noël auprès de sa femme, ses enfants et ses partisans. La fête de la nativité a un sens pour tout chrétien. Mais, Ouattara, le musulman, regarde, plutôt, du côté de la Mecque. Noël pour lui ne revêt qu’une importance relative. Sur le fond, Guillaume Soro peut avoir raison d’en vouloir à Alassane Ouattara. Mais, toutes choses égales par ailleurs, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Ce qui lui arrive, aujourd’hui, n’est que la conséquence de ses propres turpitudes politiques d’ancien enfant gâté, faiseur de la pluie et du beau temps, pendant plusieurs années en Côte d’Ivoire.
Au lendemain de l’émission d’un « mandat d’arrêt international » par la justice ivoirienne à son encontre, l’ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a dénoncé, mardi, 24 décembre, dans un tweet, « la brutalité inacceptable » des forces de l’ordre à l’encontre de ses partisans : « La brutalité de la répression qui s’est abattue sur les adhérents de GPS [Générations et Peuples solidaires, NDLR] est inacceptable », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
La veille au soir, le procureur de la République de Côte d’Ivoire a annoncé qu’un « mandat d’arrêt international » avait été émis par la justice contre l’ex-chef de la rébellion pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national ».
Des « éléments en possession des services de renseignement » établissent « clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment », a ajouté le procureur, Richard Adou, sur la télévision publique ivoirienne.
Guillaume Soro est, également, visé par une information judiciaire pour « détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux, portant sur la somme de 1,5 milliard de F CFA » (environ 2,25 millions d’euros), a déclaré le procureur.
Guillaume Soro devait rentrer dans son pays, après six mois d’absence, pour y lancer sa campagne électorale pour l’élection présidentielle d’octobre 2020, qui s’annonce tendue. Mais, son avion privé a, finalement, atterri au Ghana.
Dans une série de messages sur son compte Twitter, il explique que le commandant de bord de son jet privé a été informé en vol que l’avion « pourrait faire l’objet d’un assaut » à l’aéroport d’Abidjan et a décidé de se détourner vers l’aéroport d’Accra. Selon Guillaume Soro, les autorités ghanéennes lui ont, cependant, interdit de débarquer de son avion, qui a dû redécoller.
Une source aéroportuaire à Accra a indiqué que l’avion de l’ex-chef de la rébellion s’était posé « brièvement » avant de repartir « vers l’Europe ».
Pendant ce moment, à Abidjan, lundi, 23 décembre, les forces de l’ordre déployées en grand nombre ont empêché tout regroupement des partisans de Guillaume Soro à l’aéroport et dans la ville. Puis, lundi, après-midi, elles ont donné l’assaut au siège du parti GPS, où étaient regroupés une centaine de militants. Quinze partisans de Guillaume Soro ont été arrêtés, dont son bras droit le député, Alain Lobognon, selon le procureur.
Alassane Ouattara, qui montre son véritable visage aux partisans de Guillaume Soro, possède un dossier très compromettant contre l’ancien président de l’Assemblée nationale. Ancien allié de Laurent Gbagbo (période pendant laquelle il était très proche de son épouse Simone Gbagbo), Guillaume Soro avait choisi de changer ses alliances et amitiés politiques. D’homme de gauche ancien dirigeant de la FESCI, il se rapprocha du libéral Alassane Ouattara au point de l’installer au pouvoir grâce à une rébellion sanglante dont une partie des comptes est, aujourd’hui, soldée par la CPI (Cour pénale internationale).
La disparition prématurée du sergent IB (Ibrahim Coulibaly) et de ses camarades, l’attaque de la BCEAO de Bouaké, la tentative de renversement du pouvoir installé par un consensus démocratique au Burkina Faso, etc. sont autant de lourds dossiers qu’Alassane Ouattara a dû geler pour protéger l’homme sans qui il n’aurait jamais été président de Côte d’Ivoire. Et qui le lui avait bien rendu en le nommant premier ministre, puis, président de l’Assemblée nationale. Visiblement, Soro voulait devenir le dauphin d’Alassane Ouattara et ne voulait, nullement, entendre parler d’Amadou Gon Coulibaly, ancien secrétaire général de la présidence et actuel premier ministre.
On peut ne pas être d’accord avec Alassane Ouattara, mais, on lui reconnaît le droit de désigner un dauphin pour diriger la Côte d’Ivoire. Et ce dauphin, s’il ne se représente pas pour un troisième mandat, est Amadou Gon Coulibaly.