Cette pétition en soutien à Laurent Gbagbo, premier ex-président jugé par la CPI (Cour pénale internationale) à l’âge de 71 ans, vise à recueillir plus de 20 millions de signatures. Elle a été initiée par l’écrivain ivoirien, Bernard Dadié (notre photo où il transmet le flambeau de sa lutte à Laurent Gbagbo en 2010 à Abidjan), qui a, récemment, fêté ses 100 ans, et l’ancien premier ministre togolais, Joseph Kokou Koffigoh.
« Pour accompagner ce vaste mouvement de résistance face à l’imposture et comme un devoir de conscience devant l’histoire (…), les signataires exigent la libération de Laurent Gbagbo », a déclaré Bernard Dadié, lors d’une cérémonie qui s’est tenue, mercredi, 22 juin, dans un grand hôtel de la capitale économique ivoirienne.
Cette campagne, qui doit s’étirer sur trois mois, vise à « montrer au monde que la place de Laurent Gbagbo n’est pas à la CPI mais bien auprès des siens dans son pays », a souligné l’écrivain, premier Prix Jaime Torres Bodet, décerné, en février dernier, par l’Unesco, et qui récompense l’ensemble de l’oeuvre de ce « pionnier et géant de la littérature africaine ».
Laurent Gbagbo et son co-accusé, Charles Blé Goudé, ancien ministre en charge de la jeunesse, sont poursuivis par la CPI pour leur rôle présumé dans la crise née du refus de l’ex-président de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à l’issue de la présidentielle de 2010.
Les violences avaient fait plus de 3.000 morts. Laurent Gbagbo avait, finalement, été arrêté, en avril 2011, après plusieurs jours de bombardements de la Force française Licorne, à la demande de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy.
On est alors en droit de se demander pourquoi ce remue-ménage alors qu’on voit bien ce qu’on lui reproche ? Est-ce parce que Laurent Gbagbo se retrouve à la CPI dans le cadre d’une justice des vainqueurs, qui ne fait rien pour convoquer ceux du camp adverse qu’il combattait, hier, et qui occupent, actuellement, le pouvoir à Abidjan ?
Est-ce parce que pour eux, Laurent Gbagbo n’aurait rien commis comme crimes susceptibles de le conduire en ce lieu sinistre de La Haye ?
Est-ce parce que, au niveau de l’indépendance et de la souveraineté de la Côte d’Ivoire qu’il revendiquait quand il était au pouvoir, c’est à son pays de le juger et non à la CPI ?
Autant de questions qui mériteraient d’être étayées car le bilan politique de Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire, aura été une déception pour beaucoup d’Africains. Sans se faire l’avocat de la CPI, on n’a pas souvenir qu’un Africain s’y trouverait, actuellement, en jugement, alors que rien, absolument rien, ne lui est reproché. Les Africains doivent savoir que c’est dans la justice et la vérité qu’ils pourront bâtir leur continent et non dans le mensonge, le déshonneur et la tromperie.
Bref, on retient que la pétition en faveur de la libération de Gbagbo est patronnée par quelqu’un de très respectable et de moralement irréprochable, à savoir, l’écrivain (ivoirien) centenaire, Bernard Dadié, dont les œuvres, considérées comme des classiques de haut vol, sont enseignées dans presque tous les lycées et collèges d’Afrique noire francophone.
Afriqueeducation.com ajoute : le simple fait qu’il prête son nom et sa caution morale à une telle campagne exige qu’on s’y intéresse de près même si on peut trouver à redire sur le fond.