BOMBARDEMENT DE BOUAKE EN COTE D’IVOIRE : Le journaliste français Thomas Hofnung a menti dans son dernier livre

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Dans son dernier livre, « Bouaké, le dernier cold case de la Françafrique » (Paris, Fayard, 2024), Thomas Hofnung soutient qu’une source lui a confié que ce sont les faucons du régime Gbagbo qui avaient décidé, lors d’une réunion à la résidence présidentielle, du bombardement du camp militaire français de Bouaké afin d’obliger la France à quitter, définitivement, la Côte d’Ivoire comme les Etats-Unis quittèrent Mogadiscio, la queue entre les pattes, le 25 mars 1994.

Il soutient, aussi, que Bertin Kadet prenait part à cette réunion. Or, l’ancien ministre de la Défense interrogé par le journaliste, Théophile Kouamouo, affirme qu’il était hors du pays à la date indiquée par Hofnung et qu’il ne pouvait, donc, pas avoir participé à une telle réunion.

Hofnung a, donc, menti. Mais, quels objectifs poursuit-il en inventant des histoires ? Il veut dédouaner Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier, qui avaient demandé aux autorités togolaises de libérer les pilotes biélorusses responsables de la mort des 9 soldats français et d’un civil américain.

Dans le même temps, Hofnung veut justifier le massacre par la Force Licorne, le 6 novembre 2004, devant l’hôtel Ivoire, d’une soixantaine de jeunes ivoiriens manifestant pacifiquement.

Maître, Jean Balan, avocat des familles des soldats français tués, estime que le bombardement du camp militaire français de Bouaké n’était qu’un prétexte dont le gouvernement français entendait se servir pour renverser le président, Laurent Gbagbo, qui, en lançant l’Opération « Dignité » voulait mettre fin à la partition de la Côte d’Ivoire (cf. « Crimes sans châtiment. Affaire Bouaké, l’un des plus grands scandales de la Ve République », Max Milo, 2020). C’est cette vérité que le livre de Hofnung veut nier car ce qui caractérise, avant tout, les apôtres du néo-colonialisme, c’est le déni, le mensonge et la fuite en avant.

Le grand dépit de Laurent Gbagbo que Chirac voulait chasser du pouvoir. Il n’a pas réussi. C’est Nicolas Sarkozy qui le fera en 2011.

Et dire que ce vrai affabulateur travaille à « La Croix », journal catholique où on devrait chérir et défendre la vérité et la justice envers et contre tout. C’est tout simplement honteux. Aussi honteux que le silence des prêtres et religieux français devant les nombreux crimes de leur pays en Afrique. Et, si une institution est incapable de désavouer un individu, qui a perpétré des tueries pour arriver au pouvoir, et qui viole la constitution pour le confisquer, elle s’expose, immanquablement, à la longue au mépris et au rejet de ceux qu’elle a abandonnés.

Tout ça finira un jour car « tout finit par finir » (Léandre Sahiri).

Jean-Claude Djéréké

est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis)

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