A la tête d’une importante délégation comme Alassane Ouattara sait les composer quand il s’agit de bluffer ses anciens collègues des institutions de Bretton Woods, le premier ministre de Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly, est arrivé, ce jeudi, 1er juin, à Paris, où il compte rencontrer les milieux français de la finance et de l’Etat. Son voyage qui s’étend jusqu’au 10 juin, le conduira, également, à Francfort et Munich (Allemagne), à Londres (Angleterre), à New York et Boston (Etats-Unis).
Officiellement, l’Etat veut faire face à la forte baisse des recettes d’exportation de cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. Ce n’est qu’une partie de la réalité. Comme d’habitude, Alassane Ouattara se garde de dire tout aux Ivoiriens. Car en fait, il a besoin des fonds pour financer les revendications des 8.500 mutins, des 6.000 démobilisés et, surtout, des fonctionnaires dont les arriérés se chiffrent à plus de 200 milliards de F CFA (300 millions d’euros). Il y a aussi la dette intérieure contractée auprès de la petite et moyenne entreprise ivoirienne qui est, littéralement, asphyxiée par les retards de paiement de l’Etat. Bref, la Côte d’Ivoire devrait utiliser un milliard de dollars de ce futur eurobond à payer rien que les dettes et autres promesses faites dans la rébellion. On comprend que la mission de Gon Coulibaly ne soit pas aisée : elle consistera à convaincre les bailleurs de fonds à mettre leur argent (un ou deux milliards de dollars ?) dans un pays où du jour au lendemain, des soldats peuvent sortir des casernes et tirer en l’air afin de rappeler au chef de l’Etat qu’il n’a pas tenu ses promesses. Or, un Etat qui ne respecte pas ses engagements n’en est pas un. C’est dire que la mission conduite par le premier ministre est difficile.
En 2014 et 2015, la Côte d’Ivoire avait réussi à lever, respectivement, 750 millions de dollars américains et un milliard de dollars américains sur le marché international des capitaux. Mais, cette fois, la Côte d’Ivoire est moins séduisante. Pour preuve, elle a baissé de 10% son budget 2017, en raison de la chute des cours mondiaux du cacao. Son taux de croissance qu’on annonçait aux alentours de 9% risque de perdre un ou deux points. En plus, il y a l’échec de la réconciliation que le chef de l’Etat assume avec l’implosion du RHDP et le maintien à l’écart de la chose politique du FPI. Si on ajoute à cela, le cocktail des mutineries et ce qui va avec, on peut comprendre qu’à trois ans de son départ définitif du pouvoir, Alassane Ouattara (notre photo) qui avait, pompeusement, annoncé l’entrée de la Côte d’Ivoire dans le train de l’émergence en 2020, ait perdu le sommeil. Tags: