Le président, Henri Konan Bédié, au nom de l’opposition ivoirienne unie, avait appelé Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, à se saisir du dossier ivoirien, lors du giga-meeting de samedi, 10 octobre 2020. Quarante huit heures plus tard, à peine, soit, lundi, 12 octobre 2020, le chef de l’Etat du Ghana, président en exercice de la CEDEAO, a dépêché un jet spécial pour chercher le président Bédié et sa délégation pour les conduire à Accra. Pourquoi ?
En effet, l’appel solennel du président Bédié, au nom de toute l’opposition, n’est pas arrivée dans les oreilles d’un sourd. Antonio Guterres qui est très sensible à la situation qui prévaut au Mali (voisin), mais aussi, de plus en plus, en Côte d’Ivoire, a diligenté la CEDEAO pour recueillir la position du président Bédié sur la situation actuelle qui prévaut en Côte d’Ivoire, et qui risque de déboucher sur de très graves troubles. Le spectre de la guerre post-électorale de 2010, avec la présence des Nations-Unies sur les lieux, est, toujours, dans les esprits. Et nul ne souhaite revivre la même situation en 2020.
Dans un premier temps, et dans l’urgence, c’est donc le président, Nana Akufo-Addo, qui sera chargé de transmettre le message de l’opposition ivoirienne à Antonio Guterres. Un message qui ne sera qu’une répétition, son représentant en Afrique de l’Ouest, le Ghanéen, Mohamed Ibn Chambas, ayant, déjà, lors de plusieurs jours passés en Côte d’Ivoire, il y a deux semaines, transmis à sa hiérarchie new yorkaise les tenants et les aboutissants du blocage électoral actuel en Côte d’Ivoire.
Comme tout le monde sait, le problème, c’est d’abord et avant tout, Alassane Ouattara, qui veut contre vents et marées, s’octroyer un 3e mandat auquel il n’a pas droit au regard de la constitution dont il est le garant. Les Nations-Unies auront donc loisir à lui rappeler les principes de droit qui régissent la bonne gouvernance d’un état de droit digne de ce nom.
C’est la raison pour laquelle Henri Konan Bédié et ses amis de l’opposition unie, exigent le retrait de la candidature du président sortant, la dissolution de la Commission électorale au sein de laquelle ne siège plus aucun membre de l’opposition, la dissolution du fameux Conseil constitutionnel où les sages (à commencer par leur président Mamadou Koné) ont jeté leur sagesse dans le fleuve Sassandra. La décision du Conseil constitutionnel a tellement horrifié les juristes ivoiriens au point où son ancien président, le professeur agrégé de droit public, Francis Wodié, s’est fendu d’un avis personnel pour contrarier celui des membres actuels dudit Conseil (visiblement corrompus).
Le retour des éxilés (de Ouattara), à savoir, son prédécesseur, Laurent Gbagbo, son ancien premier ministre, Guillaume Soro, l’ancien ministre, Charles Blé Goudé, l’ancien maire du Plateau (Abidjan), Noël Akossi Bendjo, et l’inscription de Gbagbo et Soro sur la liste électorale, sans oublier le retour de tous les exilés dans la mère patrie, sont entre autres revendications du peuple que Bédié a fait savoir à Accra.
Le président Bédié a aussi rencontré le roi des Ashanti, Otumfuo Nana Osei Tutu II, pour un entretien à bâtons rompus (notre photo). Le roi, de par son éloignement géographique, ne sachant pas qui est, réellement, le phénomène Ouattara, surnommé, le « menteur d’Abidjan », le président Bédié a dû lui rafraîchir la mémoire sur les nombreux mensonges de ce président (qui a complètement désacralisé la parole d’Etat), et qui avait organisé un coup d’état militaire, le 24 décembre 1999, pour mettre fin de façon brutale à sa présidence en Côte d’Ivoire. D’où la question de savoir si le distingué roi des Ashanti peut se faire, dignement, le porte-parole ou l’avocat d’un tel individu ?
Au regard de l’intérêt que les Nations-Unies portent à la Côte d’Ivoire, l’ont peut dire qu’un dialogue national est en route en vue d’une transition politique, qui, elle, organisera les élections dans un délai ne dépassant pas 12 mois, le temps d’applanir les différends soulevés par l’opposition et le temps aussi de permettre au « menteur d’Abidjan » de former son candidat (à l’image de Gon Coulibaly) au sein du RHDP.