Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), une des trois grandes formations politiques du pays, a demandé, mercredi, 29 août, un report des prochaines élections locales et dénoncé les « menaces » du parti du président, le RDR (Rassemblement des républicains), son ancien allié dans la coalition au pouvoir, en vue du scrutin. Mais, rien n’indique que le président, Alassane Ouattara, accède à cette demande de son ancien allié en passe de (re)devenir son principal adversaire politique.
Le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guikahué, a jugé nécessaire devant la presse de « décaler la date » des élections municipales et régionales prévues le 13 octobre, pour tenir compte des derniers événements politiques.
Il a cité l’amnistie et la libération – annoncée par le président, Alassane Ouattara, le 6 août – de nombreux responsables politiques du principal parti d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI), dont l’ex-première dame ivoirienne, Simone Gbagbo. Le FPI avait, jusqu’ici, boycotté la plupart des scrutins, revendiquant la « libération des prisonniers politiques ».
Maurice Kakou Guikahué a, aussi, mentionné la réforme, promise par le président, de la Commission électorale indépendante (CEI), contestée par le PDCI et le FPI.
Le numéro 2 du PDCI a estimé que les élections locales pouvaient être reportées jusqu’à fin 2018, la compétence des conseils municipaux et régionaux ayant été prorogée jusqu’au 31 décembre.
Alors que les listes électorales devaient être déposées mercredi, 29 août, soir, au plus tard, Maurice Kakou Guikahué s’en est pris à son ancien allié avec lequel son parti a rompu il y a trois semaines, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’accusant de « tentatives de débauchage » de cadres du PDCI, par des manoeuvres de « chantage », d' »intimidation » et « des menaces ».
Une vingtaine de candidats figurent, en effet, à la fois, sur les listes publiées dans la presse, lundi, 27 août, par le PDCI et le RHDP, dont plusieurs ministres.
Le RHDP est constitué par le Rassemblement des Républicains (RDR) du président, Alassane Ouattara, des petits partis alliés et des personnalités d’autres partis, dont le PDCI. Le PDCI, dirigé par l’ancien président, Henri Konan Bédié, a refusé de rejoindre ce « parti unifié », provoquant un éclatement de la coalition qui dirigeait la Côte d’Ivoire depuis 2010, ce qui entraîne de fortes tensions entre les deux anciens alliés, mais aussi, au sein du PDCI où certains ne voulaient pas lâcher le pouvoir.
Les personnalités concernées par ces doubles candidatures apparentes ont été convoquées chez Henri Konan Bédié (sur notre photo avec Maurice Kakou Guikahué) et « une écrasante majorité ont réaffirmé leur appartenance au PDCI », a assuré Maurice Kakou Guikahué.
« Le PDCI condamne fermement les pratiques tendant à la déstabilisation et à l’affaiblissement des partis politiques concurrents en vue de s’assurer le monopole du contrôle et de l’animation politique nationale », a lancé M. Guikahué. Il a, aussi, dénoncé « une manœuvre de manipulation des électeurs » par l’utilisation du logo du PDCI par le RHDP.
Avec AFP