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La tentative de coup d’état à Madagascar continue de peser sur le fonctionnement des institutions. Le président, Andry Rajoelina, contrairement à ce que dit l’opposition (dont certains membres seraient impliqués dans le coup d’état), le montre dans ses décisions. La dernière en date, c’est la dissolution du gouvernement et la nomination prochaine d’une nouvelle équipe de ministres.
Andry Rajoelina, qui renouvelle implicitement sa confiance à son premier ministre, Christian Ntsay, a annoncé conjointement avec lui que « les fonctions de tous les ministres membres du gouvernement prennent fin », mercredi, 11 août. Ils ne sont plus chargés que de l’expédition des affaires courantes jusqu’à la nomination de leurs successeurs.
Cette suspension intervient dans un contexte d’inflation préoccupante mais aussi d‘une affaire de coup d’état déjoué, dans laquelle une vingtaine de personnes, dont deux Français parmi lesquels un colonel de l’armée française à la retraite, et plusieurs hauts responsables de l’armée malgache (dont cinq généraux), ont été arrêtés. La question est de savoir si les deux Français agissaient en solo ou en intelligence avec les Services français ? Andry Rajoelina pose des questions fondées : un colonel français est impliqué dans une tentative de coup d’état contre sa personne. Peut-on trouver un colonel ou ancien colonel malgache impliqué dans une tentative de coup d’état en France ? Non ! Il faut donc savoir apprécier le parallélisme des formes et appeler un chat un chat. Emmanuel Macron lui doit des explications.
Le chef de l’Etat est, certes, en désaccord avec Paris sur l’appartenance des Iles Eparses que Madagascar revendique comme faisant partie de son territoire national, ce qui n’est pas de l’avis de la France qui a même entrepris d’y installer un musée écologique, comme pour narguer les Malgaches. Ce qui est sûr, c’est que le jeune président malgache est prêt à frapper très fort ceux qui ont attenté à sa vie et à celle d’autres autorités de l’Etat, et on verra que sa main ne tremble nullement.
En tout, 21 personnes ont été présentées à une juge d’instruction la semaine dernière, à Antananarivo, dont onze ont été incarcérées dans la foulée, notamment, les deux Français.
Ils sont accusés d’avoir « échafaudé un plan d’élimination et de neutralisation de diverses personnalités malgaches dont le chef de l’Etat », avait annoncé la procureure générale.
Le premier ministre Christian Ntsay avec le président dont il a la confiance pour former un nouveau gouvernement.
Le chef de l’Etat malgache, élu en 2018, a fermement condamné, dimanche, ce projet présumé de coup d’état, soulignant que « la divergence de points de vue ne justifie pas un meurtre », dans une intervention sur les chaînes publiques de télévision. Les enquêtes se poursuivent activement. De hautes personnalités politiques et publiques seraient impliquées dans cette tentative de renversement des institutions, de l’avis même du chef de l’Etat.
Le gouvernement annoncé devrait être très politique, en vue de la préparation des prochaines présidentielles en 2023. Le président va s’entourer de ministres qui l’aideront à briguer un autre mandat à la tête de Madagascar. Tous ceux qui auront été plus ou moins proches des putschistes en tireront les conséquences. Autrement dit, les futurs ministres devront être soit proches de lui, soit, du premier ministre, Christian Ntsay, qui reste en place.