On voyait le danger arriver. Pour organiser les élections présidentielle, législatives et locales du 26 août, le pouvoir a fermé les frontières, refoulé les observateurs et journalistes étrangers qui voulaient assister à leur déroulement, décreté un couvre-feu, débranché internet et les réseaux sociaux, suspendu les chaînes internationales, RFI-France 24 et TV5, etc. On n’a pas besoin de faire première année de licence en droit de l’Université Omar Bongo de Libreville pour savoir que le pouvoir PDG et ses alliés ont mis en place tous les attributs d’un passage en force. La question qu’on se posait était de savoir, si le président, Ali Bongo Ondimba, sorti vainqueur d’une telle élection, de cette façon, allait se considérer comme un président démocratiquement élu ?
Si le Gabonais est, rarement, satisfait, de son sort, il peut quand même faire la différence entre la gestion du pays sous le patriarche Ondimba et celle pendant les 14 années de son fils. Ce dernier gérait-il vraiment le Gabon où l’avait-il confié à une horde de voyous, après avoir pris le soin de chasser tous les collaborateurs sérieux, compétents et dévoués qui avaient servi le Gabon sous son père et qui ne demandaient qu’à faire la même chose avec lui ?
En guise de renouveau et de changement, il a servi « la légion étrangère » aux Gabonais. Le résultat qu’on voit, aujourd’hui, est catastrophique. D’où sa tentative de passage en force le 26 août. Plus grave, il y aura même laissé sa propre santé.
Il ne se comptera pas beaucoup de Gabonais pour condamner le coup d’état au Gabon, à moins que cela soit du bout des lèvres. Lors de l’élection présidentielle d’il y a sept ans, le candidat, Jean Ping, avait battu Ali Bongo Ondimba, sauvé in extremis par la Cour constitutionnelle. Cette fois, Albert Ondo Ossa a, également, battu le candidat du PDG, qui n’aurait même pas dû se re-présenter car sa maladie actuelle le rend inapte à la fonction présidentielle.
L’ancien président, son épouse et leur famille, sont, actuellement, en résidence surveillée. Entouré de leurs médecins. Seul Nourredine Valentin Bongo Ondimba, le fils adoptif d’origine marocaine, successeur (désigné) de son père à la fonction suprême, selon la volonté de l’ex-première dame, Sylvia Bongo Ondimba, a été inculpé de « haute trahison et détournement massif des fonds ». Plus d’autres broutilles… comme la drogue.
Le coup d’état s’est déroulé sans effusion de sang. Les institutions sont suspendues : plus de gouvernement, plus de sénat, plus d’assemblée nationale, plus de Conseil général des élections, plus de Conseil économique et social, plus de Cour constitutionnelle, etc. Plus rien. A la place, les militaires ont installé le Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI). Les militaires sont acclamés dans la rue au passage de leurs camions. Autrement dit, la population approuve cette deuxième libération du pays. On souhaite (on demande) juste que la santé (toute la santé) de l’ancien président, Ali Bongo Ondimba, soit, entièrement, préservée.
« Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale (alors que les frontières vont rester fermées) jusqu’à nouvel ordre », proclame le CTRI. Le Gabon entre dans une nouvelle ère. Avec le vainqueur de l’élection, Albert Ondo Ossa, qui aurait, d’ores et déjà, fui le pays, ce mercredi, 30 août, matin, pour se retrouver chez un voisin du Gabon dont on ne donnera pas le nom pour des raisons de sa sécurité.