Le département américain du Trésor a imposé des sanctions au procureur, Karim Khan, après le décret présidentiel signé par Donald Trump, qui accuse la CPI d’avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël». Trump est-il devenu juge, à son tour, pour estimer que les sanctions à l’encontre de l’Amérique et Israël sont inégales ? De quelle manière compte-t-il influencer la CPI (Cour pénale internationale) du moment où les Etats-Unis n’en sont même pas membres ?
Pour qui se prend Donald Trump ? Pense-t-il être le président de la terre entière pour se comporter depuis son entrée en fonction comme si les Etats-Unis étaient l’alpha et l’omega sans quoi rien ne pouvait se faire sur cette terre ? Le président russe, Vladimir Poutine, lui aussi, a été inculpé par la CPI, mais, contrairement à Trump, il fait attention pour ne pas visiter un pays signataire du Statut de Rome, de peur de se faire arrêter, et puis, il ne passe pas son temps à menacer la CPI de sanctions.
L’inconséquence de Trump a poussé son administration, jeudi, 13 février, à prendre des sanctions contre Karim Khan, le procureur de la CPI, une semaine après un décret présidentiel signé en ce sens par lui-même. Le département américain du Trésor écrit dans un communiqué avoir imposé des sanctions à Karim Khan en lien avec ce décret
Karim Khan (notre photo), de nationalité britannique, a initié la procédure qui a conduit la CPI fin 2024 à émettre des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallan. Les juges de l’institution judiciaire avaient estimé qu’il y avait des «motifs raisonnables» de soupçonner les deux hommes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la guerre à Gaza, qui a suivi l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Le texte du décret signé par Donald Trump accuse la CPI d’avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël», en référence également à une enquête sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan. Il interdit l’entrée sur le sol américain au personnel de la CPI et à leurs familles, ainsi qu’à quiconque considéré comme ayant contribué à ses travaux d’enquête. Et il prévoit le gel de leurs avoirs détenus aux Etats-Unis. Donald Trump est revenu au pouvoir avec des idées bien arrêtées : tuer le multilatéralisme ou le laisser en lambeaux avant son départ du pouvoir dans quatre ans. Sans tarder, il s’est attaqué à l’OMS, à l’UNICEF, à l’UNESCO où il entend suspendre les financements des Etats-Unis. Il en est de même de l’USAID dont le fonctionnement est suspendu pendant trois mois, le temps d’y faire un audit.
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La Cour basée à La Haye (Pays-Bas) avait condamné ce décret visant «à nuire à son travail judiciaire indépendant et impartial». Ni les Etats-Unis, ni Israël ne sont membres de la CPI, juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre.
Fondée en 2002, elle compte, aujourd’hui, 124 Etats membres et n’a prononcé depuis sa création qu’une poignée de condamnations. Généralement africaines pour la très grande majorité des cas. Au cours du premier mandat de Donald Trump, la CPI, en particulier, sa procureure d’alors, Fatou Bensouda, avait déjà été la cible de sanctions américaines – levées par Joe Biden peu après son arrivée au pouvoir en 2021.
Il en sera de même pour Karim Khan dont les sanctions seront levées par le successeur de Donald Trump dont on espère qu’il sera démocrate.