Prisonnier le plus célèbre de l’Afrique centrale, le RDCongolais, Jean-Pierre Bemba, n’a pas encore eu la possibilité d’embrasser sa femme et ses cinq enfants. Et pour cause, il attend son permis de séjour des autorités belges qui étudiaient encore son dossier ce soir, en procédure accélérée. Prêt à recouvrer sa liberté, l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, acquitté en appel de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, reste sous la surveillance des autorités de la Cour pénale internationale (CPI), dans l’attente du feu vert de la Belgique pour retrouver les siens après avoir quitté le centre de détention situé à La Haye. A Kinshasa, Joseph Kabila aurait perdu le sommeil.
« M. Bemba a quitté le centre de détention hier (mardi) soir », a déclaré Peter Haynes, avocat de Jean-Pierre Bemba, qui doit traverser la frontière pour rejoindre son épouse et ses cinq enfants installés en Belgique.
Selon une source proche du dossier, M. Bemba reste, toutefois, sous la surveillance de la Cour en attendant le feu vert des autorités belges à une demande de séjour.
A Bruxelles, une demande de permis de séjour était étudiée mercredi par les services du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken.
« Le pays de préférence (pour Jean-Pierre Bemba), c’est la Belgique, c’est là qu’il souhaite séjourner en attendant de mettre sur pied son retour en République démocratique du Congo » (RDC), a indiqué Jean-Jacques Mbungani, un des responsables du parti de Jean-Pierre Bemba.
Selon des sources concordantes, l’épouse et les enfants de M. Bemba vivent dans une villa de Rhode-Saint-Genèse, commune verdoyante cossue située à 15 km au Sud de Bruxelles. C’est dans cette localité que l’ancien chef de guerre congolais avait été arrêté le 24 mai 2008 à la demande de la CPI.
Mardi en fin de journée, après que la Cour internationale eut ordonné sa libération provisoire, son avocat, Me Peter Haynes, avait indiqué qu' »une série d’arrangements diplomatiques (était) nécessaire pour le transfert » vers l’étranger. Les autorités néerlandaises ont émis le souhait que le Congolais ne soit pas « lâché dans la nature » aux Pays-Bas, avait-il précisé.
Jean-Pierre Bemba a été acquitté en appel à la surprise générale vendredi. Son procès, ouvert à La Haye en novembre 2010, était le premier de la CPI mettant en avant la responsabilité d’un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle.
L’ancien chef de guerre a passé la dernière décennie dans le centre de détention de la CPI situé dans le quartier balnéaire haguenois.
Le fonds au profit des victimes de la CPI a, par ailleurs, décidé d’accélérer le lancement d’un programme d’assistance d’un million d’euros, sous forme de réhabilitation physique et psychologique et de soutien matériel, pour les victimes centrafricaines des miliciens de Jean-Pierre Bemba.
« Vous n’êtes pas oubliées. Les préjudices que vous avez subis sont reconnus et appellent de toute urgence une réponse significative », a indiqué le Fonds dans un communiqué.
Adversaire de Joseph Kabila à l’élection présidentielle de 2006, Jean-Pierre Bemba va de l’avis général rejouer un rôle sur la scène politique congolaise, au moment où l’opposition affirme se chercher un candidat unique.
Selon Jean-Jacques Mbungani, Jean-Pierre Bemba ne compte pas s’exprimer, publiquement, avant le 4 juillet, date à laquelle est attendue la sentence définitive dans une affaire annexe de subornation de témoin lui ayant valu une condamnation en première instance à un an de prison et 300.000 euros d’amende en mars 2017. A Kinshasa, malgré le silence de Jean-Pierre Bemba, Joseph Kabila a, déjà, perdu le sommeil à l’idée du retour très prochain, dans le pays, du fils de l’Equateur et de Kinshasa.