CRISE MIGRATOIRE AU SENEGAL : La preuve de l’échec de Macky Sall (12 ans au pouvoir pour rien)

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La crise migratoire bat son plein au Sénégal. Alors que le nombre hebdomadaire de tentatives de départs des côtes sénégalaises vers l’Europe se poursuit à un rythme effréné, les autorités étatiques ne parviennent pas à les contenir, malgré tous les moyens déployés, signe de l’inadéquation de la réponse actuelle face à ce fléau, et de la nécessité d’en identifier les causes afin d’y remédier.

Parmi les deux majeures, vient en premier lieu l’extrême pauvreté. Conséquence directe des accords de pêche signés en 2014 (sous Macky Sall le béni oui oui de l’Europe en Afrique de l’Ouest) entre l’UE et le Sénégal, l’extrême pauvreté est devenue le quotidien de nombreux pêcheurs, qui ont vu leurs revenus fondre au cours de ces dernières années, du fait de la concurrence féroce et déloyale des chalutiers étrangers. 

Plusieurs familles de pêcheurs traditionnels locaux n’ont cessé de dénoncer en vain la baisse vertigineuse des ressources halieutiques censées leur permettre de vivre, mais n’ont jamais été entendues par le pouvoir autiste de Macky Sall (du fait qu’il avait empoché quelques minables euros au passage). Du coup, certaines d’entre elles ont décidé de tenter l’aventure européenne, malgré le coût de passage et le risque de disparition élevés. En effet, que ce soit le convoi de migrants ou l’émigration clandestine, les pêcheurs sont majoritairement représentés dans les données collectées à caractère migratoire. 

En plus de la situation économique délabrée, le contexte d’instabilité politique contribue, lui aussi, fortement à la crise migratoire sénégalaise. Centrées autour de l’acharnement de Macky Sall sur l’opposant, Ousmane Sonko, particulièrement, apprécié de la jeunesse locale, les tensions ressenties au sein de l’environnement politique poussent de nombreux Sénégalais à prendre la mer pour se rendre aux Iles Canaries. Pour ceux qui arrivent à destination – car beaucoup ne survivent pas à ce long et périlleux voyage – la désillusion est totale lorsqu’ils se rendent compte qu’ils seront rapatriés vers leur terre natale, faute d’éligibilité à une procédure d’asile. Pendant ce temps, Macky Sall est muet comme une carpe. Il ne les défend point. Mais il est prompt à se faire entendre quand cette même Europe, via par exemple la France, lui demande de faire partie de la liste de pays qui vont bombarder le Niger afin de remettre au pouvoir un dirigeant que le peuple a vomi. On ne va pas continuer à tirer sur une ambulance : Macky Sall quitte le pouvoir en mars 2024, son projet de troisième mandat ayant, lamentablement, échoué grâce entre autres à l’entregent d’Ousmane Sonko contre qui il s’acharne, à titre de vengeance, pour qu’il ne soit pas candidat à sa succession, convaincu de sa victoire dès le premier tour.

Au lieu de solliciter plus de moyens de ses partenaires européens, notamment, l’Espagne, pour renforcer les mesures contre les réseaux de passage clandestin, les autorités locales devraient plutôt revoir le partenariat de pêche avec l’UE, et privilégier l’accalmie politique en relâchant Ousmane Sonko. Il est temps que l’Etat sénégalais mette fin à la politique de l’autruche dans laquelle il s’est enfermé, mais qui ne mènera nulle part, si ce n’est qu’à plus de disparitions de citoyens sénégalais, et d’allocations des deniers publics vers des postes budgétivores dont l’apport économique est hautement questionnable.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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