On ne tardera pas à savoir si le président, Joao Lourenço, a fait l’objet de pressions de la part de son prédécesseur. Car il avait démarré son quinquennat en faisant de la lutte contre la corruption, la priorité des priorités de son action. C’est dans ce contexte que Isabel dos Santos et José Filomeno dos Santos, fille et fils de l’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, ont été pris dans les filets de la justice. Joao Lourenço a, agréablement, surpris le peuple angolais qui a salué son courage et, du côté de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, il ne recevait que des éloges quand ce n’était pas des chaleureuses félicitations. Mais, le président, semble-t-il, faisait l’objet de menaces : l’ancienne classe politique corrompue laissée par son prédécesseur ne voulait pas des réformes qui, tôt ou tard, ne pouvaient que les inquiéter. C’est ainsi que Joao Lourenço a fait l’objet de tentatives de coup d’état, comme pour lui montrer qu’il allait très loin dans ses réformes. A-t-il fini par prendre peur ? Toujours est-il qu’au regard du préjudice qu’il a fait subir à l’Angola, José Filomeno dos Santos bénéficie d’une peine légère : cinq ans de prison pour «fraude» dans le cadre de sa gestion du Fonds souverain angolais pour les nouvelles générations entre 2013 et 2018, ce n’est pas cher payé. C’est même une peine très légère. Comme quoi, le petit délinquant s’en sort très bien.
Déjà, en juin, le parquet avait requis sept ans de prison contre lui et un autre accusé, et dix ans pour les deux autres co-prévenus dont l’ex-patron de la Banque centrale, Valter Filipe da Silva, l’homme qui rendait possibles les transferts de fonds. Les trois complices présumés de José Filomeno dos Santos, 42 ans, ont été condamnés à des peines de quatre à six ans de prison.
Ils étaient accusés d’avoir transféré, illégalement, 500 millions de dollars de la Banque centrale vers le compte londonien d’une agence du Crédit suisse, dans le cadre d’une fraude qui leur aurait permis, selon le parquet général, de détourner jusqu’à 1,5 milliard de dollars. Les quatre hommes, qui ont, toujours, clamé leur innocence, ont, en revanche, été acquittés du chef de blanchiment d’argent.
Même si la justice ne doit pas se faire à la tête du client, mais au nom du principe de l’égalité de tous devant la loi, on peut se demander pourquoi José Filemeno a échappé à la prison à vie car un détournement de 500 millions de dollars dans un pays pauvre comme l’Angola, est assimilable à un crime contre l’humanité.
Depuis le départ en 2017 de José Eduardo dos Santos, après 38 ans au pouvoir, son successeur, Joao Lourenço, a limogé, au nom de la lutte contre la corruption, tous les proches que l’ancien président avait placés à la tête des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays.
Les symboles de ce «nettoyage» sont José Filomeno dos Santos et sa sœur, Isabel dos Santos, qui a été évincée en novembre 2017 du poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol, plus grande entreprise du pays qu’elle gérait avec ses autres nombreuses sociétés, en mélangeant les comptes.
Présentée comme la femme la plus riche d’Afrique, elle est soupçonnée par la justice et les autorités angolaises d’importants détournements de fonds publics, récemment, évalués à 5 milliards de dollars. Ses comptes bancaires ont été gelés en Angola et au Portugal.