Nous sommes en plein ramadan. Et pour un fervent disciple de Mahomet comme Abdelaziz Bouteflika, l’occasion se prête au pardon à ceux qui vous ont offensé.
Le président algérien a, donc, profité de cette occasion pour se désister, ce mardi, 20 juin, de ses poursuites en diffamation contre Le Monde, qui l’avait lié, à tort, au scandale financier des Panamas Papers et qui a, depuis, présenté ses excuses au chef de l’Etat.
A la présidente du tribunal correctionnel de Paris qui demandait s’il n’avait pas été possible que les parties s’arrangent avant, l’un des avocats du président algérien, Me Basile Ader, a expliqué que cette « décision toute récente » et « magnanime » tenait au fait que le journal a présenté ses excuses au président algérien.
« Par souci d’exactitude », le journal avait, également, publié un rectificatif, a déclaré l’avocat du Monde, Me Christophe Bigot, saluant dans ce désistement un « apaisement bienvenu pour tout le monde ».
Le journal avait publié, le 5 avril 2016, une photo du président algérien parmi celles de dirigeants mis en cause dans le scandale financier des Panama Papers.
Le journal avait précisé, le lendemain, que le nom du chef de l’Etat algérien n’apparaissait pas dans les révélations sur cette affaire de fraude fiscale à dimension internationale. « Ce sont des proches du chef de l’Etat qui sont soupçonnés d’avoir détourné une partie des ressources du pays », précisait-il.
Mais, cette rectification n’avait pas apaisé les autorités algériennes. Lors de la visite du premier ministre, Manuel Valls (notre photo), en Algérie, le 11 avril 2016, des journalistes du quotidien s’étaient vu refuser un visa pour se rendre dans le pays.
Le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, avait indiqué que cette décision avait été prise parce qu' »un journal respecté et respectable a porté atteinte à l’honneur et au prestige » du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, « de manière gratuite ».
Maintenant que tout semble rentré dans l’ordre, on ne peut que souhaiter une bonne normalisation des relations entre les deux parties, et, en même temps, déplorer le fait que les dignitaires africains dont les noms devraient, réellement, apparaître sur la liste des Panamas Papers (parce qu’ils sont de gros détourneurs patentés de fonds publics), continuent de bénéficier d’une occultation coupable qui ne rend pas service à la bonne gouvernance que les Africains appellent de leurs vœux.