Le pouvoir malien a rejeté, en bloc, vendredi, 2 septembre, les accusations «tendancieuses» de massacre et de violations des droits humains portées par la mission de l’ONU dans le pays contre les forces armées. Le Mali reste très jaloux de sa souveraineté et ne laisse plus rien passer, convaincu, de plus en plus, que les Nations-Unies jouent à un jeu qui lui est défavorable et n’échappent pas aux lobbys dont la plupart sont responsables du chaos qui règne, actuellement, dans le Nord du Mali. D’aucuns, à Bamako, évoquent, même, déjà, l’expulsion de la MINUSMA dont l’efficacité est sujette à débat. Son porte-parole n’a-t-il pas été chassé du pays, il y a quelques mois, pour avoir tenu des paroles tendancieuses contre le régime en place ?
«Les allégations sont très souvent tendancieuses, non recoupées, rapportées selon des témoignages non contradictoires, ne s’appuyant sur aucune preuve tangible et souvent faits sous la menace des groupes terroristes», a écrit le ministère des Affaires étrangères dans un document diffusé sur les réseaux sociaux après la publication, mercredi, 30 août, d’une note trimestrielle de la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) sur les droits humains.
Cette note impute la mort d’au moins 50 civils à des soldats maliens accompagnés par du «personnel militaire étranger» (sous entendu les mercenaires de Wagner, ndlr) lors d’une opération menée le 19 avril à Hombori (Centre) après l’explosion d’un engin improvisé au passage d’un convoi de l’armée. Différentes sources avaient à l’époque dit qu’un homme tué dans l’explosion était un Russe déployé en opération avec les soldats maliens. Parmi les hommes faits prisonniers, deux sont morts sous la torture et, le 24 avril, un militaire «aurait tué sommairement» 20 autres prisonniers au camp de l’armée malienne à Hombori, dit la MINUSMA.
Au total, les opérations des forces maliennes ont causé la mort de 96 civils au 2e trimestre, sur un total de 317, dont 200 imputables aux groupes djihadistes, dit la MINUSMA. Il s’agit d’accusations d’une gravité extrême que le gouvernement malien récuse totalement car elles sont de nature à porter atteinte à sa crédibilité en Afrique (où le pouvoir des colonels a le vent en poupe surtout auprès de la jeunesse), mais aussi, sur le plan international.
Ces incriminations «ont pour objectif de ternir l’image des forces maliennes et de les discréditer vis-à-vis des populations et de l’opinion internationale», a estimé le ministère malien dans sa réponse livrée à la MINUSMA dont le parti pris devient, pense-t-on, à Bamako, de plus en plus systématique. Au regard de ce remue-ménage, on peut dire sans risque de se tromper que Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, n’a qu’à affûter ses armes car il aura fort à faire dans les prochains mois s’il veut contenir les différents assauts qui vont arriver des pays occidentaux.