La France va-t-elle changer de fusil d'épaule dans sa politique de coopération éducative, notamment, dans le domaine de la formation des enseignants ? Il y a quelques années, la sous-direction Education Formation du ministère de la Coopération totalisait, à elle seule, le quart du budget de tout le ministère. A cette époque, on sentait l'action de la France dans les systèmes de formation dans les pays francophones d'Afrique. Tout n'était pas parfait, mais, les résultats étaient palpables d'autant plus que dès son arrivée comme ministre de la Coopération et du Développement en 1993, Michel Roussin avait donné comme priorité de son action, l'école en Afrique. Avec son sous-directeur Education et Formation, Robert Peccoud, la France tenait un très bon cap dans ce secteur d'avenir, et on pouvait parler d'ambition. Mais, avec le changement de majorités à la tête du gouvernement et, en 1997, la disparition du ministère de la Coopération, voire, l'absorption de ses prérogatives au sein du très vaste ministère des Affaires étrangères, la spécificité française en matière de coopération éducative, a presque disparu. Aujourd'hui, la France ne se distingue guère des autres pays développés et ses diplomates considèrent les questions d'éducation et de formation en Afrique noire francophone comme ils le font pour d'autres pays du tiers-monde dont ils ont la charge, sans tenir compte de l'exception africaine ni de la gestion particulière de chaque dossier africain, comme on savait le faire au ministère de la Coopération. En définitive, la coopération éducative française en Afrique, et singulièrement, la formation des enseignants, s'est, totalement, banalisée. Pour ne pas dire plus. Aujourd'hui, Paris semble vouloir se réveiller et personne ne critiquera cette volonté de corriger une grosse erreur. Même si les moyens mis en œuvre sont tellement minimes, tellement, insignifiants par rapport à l'océan des besoins qui a grandi avec des décennies d'inaction. Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on simplement.