Il s’agit de la quatrième condamnation contre Mohamed Morsi, premier président, démocratiquement, élu d’Egypte, au moment où Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée qui l’a destitué, est accusé par les défenseurs des droits de l’Homme, d’avoir instauré un régime ultra-autoritaire.
Mohamed Morsi, dirigeant influent de la confrérie des Frères musulmans avait, déjà, été condamné à mort, à la prison à vie, et à 20 années d’incarcération, dans trois affaires distinctes depuis son éviction, en juillet 2013.
Dans l’affaire tranchée, samedi, 18 juin, il comparaissait avec 10 co-accusés pour la livraison présumée de « documents relevant de la sécurité nationale » au Qatar, selon l’acte d’accusation.
Le Qatar, riche émirat gazier du Golfe, était l’un des principaux soutiens du président Morsi, contrairement à l’Arabie Saoudite, qui soutenait Hosni Moubarak et qui a reconduit son appui au nouveau président, Al-Sissi. Or, pour des besoins d’influence et de contre-influence, le courant passe, difficilement, entre Riyad et Doha. Une mésentente qui se répercute au sommet de l’Etat égyptien selon qu’il est dirigé par un proche de l’une ou l’autre capitale.
Ces documents mis en cause comprenaient, notamment, « des rapports extrêmement sensibles concernant l’armée, le déploiement de ses troupes et son armement », selon le parquet.
En effet, Mohamed Morsi (notre photo à Doha avec l’émir du Qatar en 2013) et son directeur de cabinet, Ahmed Abdel Atti, étaient accusés de les avoir transmis au secrétaire personnel de Mohamed Morsi, Amine El-Serafi, qui, par la suite, les aurait fait parvenir à un responsable de la chaîne d’information qatarie, Al-Jazeera, ainsi qu’à un officier des renseignements qatari, via des intermédiaires.
L’ex-président a été reconnu coupable d’avoir « subtilisé des documents secrets concernant la sécurité de l’Etat », durant sa courte mandature d’un an, entre 2012 et 2013, selon son avocat, Abdel Moneim Abdel Maqsoud.
Mais, le tribunal du Caire l’a acquitté d’espionnage. Les juges l’ont, cependant, condamné à la prison à vie, qui équivaut à 25 années de détention, en Egypte, pour avoir dirigé une « organisation illégale », les autorités égyptiennes ayant classé « groupe terroriste » sa confrérie des Frères musulmans.
Son ancien directeur de cabinet et son ancien secrétaire personnel, Abdel Atti, et M. El-Serafi ont, également, écopé de la prison à perpétuité.
Et six co-accusés ont, eux, été condamnés à la peine de mort pour espionnage.
Parmi eux figurent trois journalistes jugés par contumace et accusés d’avoir servi d’intermédiaires dont Ibrahim Mohamed Hilal, présenté par le parquet comme un rédacteur en chef de la chaîne d’information qatarie, Al-Jazeera, ainsi que, Alaa Omar Mohamed Sablan, présenté comme un journaliste de nationalité jordanienne de la chaîne.
Un responsable d’Al-Jazeera avait indiqué que M. Hilal était un « conseiller » du président de la chaîne.
Le Qatar a condamné, à plusieurs reprises, la répression lancée par le régime de M. Sissi contre les pro-Morsi, notamment, par le biais de la chaîne d’information al-Jazeera.
Les condamnés peuvent interjeter appel du verdict et ceux qui sont jugés par contumace bénéficient, automatiquement, d’un nouveau jugement après leur arrestation.
Depuis l’éviction de Mohamed Morsi, les autorités mènent une répression implacable contre l’opposition islamiste, mais aussi, contre les courants laïques et de gauche.
Dans les semaines qui avaient suivi la destitution de M. Morsi, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués. Des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées et des centaines condamnées à mort dans des procès expéditifs dénoncés par l’ONU comme « sans précédent dans l’Histoire récente » du monde.
M. Morsi avait été condamné à mort, en juin, aux côtés d’une centaine de co-accusés pour des évasions massives de prison et des attaques contre la police durant la révolte de 2011, qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.
Dans un autre procès, pour espionnage au profit du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et de l’Iran, l’ex-président avait été condamné à la prison à vie.
Mohamed Morsi avait écopé, en avril, de 20 ans de prison pour des violences contre des manifestants durant sa courte mandature.
Avec AFP