ELECTION DE JOE BIDEN : Certains chefs d’Etat africains (indécrottables) devraient trembler

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A moins d’un tsunami qui vienne inverser les pronostics, ce qui est, difficilement, probable, le démocrate, Joe Biden, devrait s’installer, pendant quatre ans, à la Maison Blanche. Il est même possible que les démocrates fassent huit ans, voire, douze, si Joe Biden n’accepte de faire qu’un seul mandat, laissant la suite à sa vice-présidente africaine-américaine, Kamala Harris, qui aurait comme une de ses priorités en Afrique, de prendre le contrepied de la Chine. Pour faire ses affaires ni vu ni connu, la Chine ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des pays africains, autrement dit, sous le prétexte de faire l’anti-colonialisme, elle encourage, plutôt, les dictateurs à mourir au pouvoir. En ne manquant pas de faire au passage de juteuses affaires avec eux.
A J-35, le premier débat entre Biden et Trump aura lieu aujourd’hui, à Cleveland, dans l’Etat de l’Ohio. Joe Biden ne l’attaquera pas seulement sur le fait qu’il n’a pas du tout payé d’impôt sur le revenu ou très peu (750 dollars en 2016, année de son élection et puis autant en 2017 tandis qu’au cours de dix des quinze années précédentes, il a payé 0 dollar au trésor américain car il déclarait plus de pertes d’argent que de gains) alors qu’on aurait attendu mieux d’un milliardaire comme lui, mais, il démontrera aussi son absence de leadership dans la gestion du coronavirus (plus de 200.000 morts aux Etats-Unis à ce jour), et ses piètres résultats économiques : 30 millions de chômeurs. On espère qu’il ne manquera pas de l’enfoncer sur l’Afrique en soulignant son absence de vision qui fait que Trump a, totalement, ignoré le continent d’avenir qui tirera la croissance mondiale en ce 3è millénaire, y laissant la Chine seule.

Reprenant les grandes lignes du projet d’Hillary Clinton en Afrique, en 2016, la nouvelle administration Biden aurait, donc, à cœur de susciter le départ du pouvoir de tous ces inamovibles chefs d’Etat qui se comptent, encore, par dizaines sur le continent, ce qui montre que l’alternance ne fait pas partie du lexique politique dans plusieurs pays africains.

Donald Trump, on le sait, nourrissant un désintérêt profond, du mépris même à l’endroit du continent noir, les indécrottables chefs d’Etat avaient trouvé en lui, un allié objectif pour leur pouvoir à vie, qui ne les embêtait pas. Un bon retournement de situation d’autant plus que certains chefs d’Etat qui, voyaient Hillary Clinton succéder à Barack Obama, avaient commencé à faire leurs adieux aux militants de leur parti et à leur peuple, avant de se raviser, au lendemain de la surprenante victoire de Trump. Au lieu de faire la chasse aux partisans du pouvoir à vie, le nouveau locataire de la Maison Blanche les félicitait, au contraire, de pouvoir maintenir leur pays dans une relative stabilité, ce qui, au final, permettait aux Etats-Unis de ne pas être sollicités par les Nations-Unies dans de coûteuses interventions humanitaires.

Avec l’arrivée du ticket démocrate, Biden-Harris, Washington devrait, à coup sûr, rattraper le temps perdu en accélérant le mouvement de l’alternance politique en Afrique.

Pendant ses quatre ans de mandat, Trump a rarement mis la pression sur les dirigeants africains, comme le faisait, régulièrement, Barack Obama, même si ce dernier ne joignait pas toujours l’acte à la parole. Trump avait délégué les questions africaines à son sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines, Tibor Naggy, avec le « succès » qu’on sait. Le « Monsieur Afrique » de Trump a obtenu peu de succès en Afrique (en dehors du Soudanais Omar el Béchir qu’il met volontiers sur son tableau de chasse) contrairement à Carlson, son équivalent sous l’administration de Barack Obama et d’Hillary Clinton. Carlson se targue d’avoir obtenu, en 2012, la peau du président, Abdoulaye Wade, qui cherchait à obtenir une prolongation de (trois ans ?) de son bail à la présidence de la République pour « terminer ses chantiers ». Tandis que la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a piloté, elle-même, la descente aux enfers du frère-guide, Mu’ammar al Kadhafi, en collaboration avec le président français, Nicolas Sarkozy, le premier ministre britannique, Cameron, et l’OTAN.
Dans les deux cas, il s’est agi de longévité au pouvoir, le président, Abdoulaye Wade, voulant effectuer un troisième mandat que ne lui offrait pas la constitution (avant sa révision), selon son opposition, et le frère-guide en étant à sa 40e année au pouvoir qu’il n’envisageait pas d’abandonner, sa présence à la tête de l’Etat relevant de l’unique volonté des « masses » libyennes.

Autre fait politique non négligeable : Le poids de plus en plus important de la diaspora africaine aux Etats-Unis, qui n’hésite plus, quand c’est nécessaire, à se rendre au Sénat et à la Chambre des représentants, dans le but de sensibiliser les élus américains pour qu’ils épousent leurs causes. Hormis la longévité des chefs d’Etat africains que personne ne défend à Washington et qui pousse à donner un coup de main aux démocrates africains, ainsi qu’aux partisans de l’alternance à la tête des Etats africains, les congressistes sont d’avis que ça doit bouger en Afrique où c’est le statu quo.

Joe Biden, Kamala Harris, avec leur équipe composée essentiellement des « vétérans » de l’ère Obama comme Susan Rice (qu’on avait annoncé un moment à la vice-présidence), pourront secouer le cocotier. Depuis la Corne de l’Afrique où il existe d’indéboulonnables faux timoniers à l’Afrique de l’Est, du Nord, de l’Ouest, australe et surtout, centrale, on compte énormément de pays où l’alternance à la tête de l’Etat n’est qu’un sujet de thèse de doctorat en science politique, sans plus. Au point où, quand on en parle à un chef d’Etat concerné, il en rigole.

NB : Cet article est disponible dans le numéro 489 de septembre du magazine Afrique Education, en vente chez les marchands de journaux jusqu’au jeudi, 1er octobre 2020.
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