C’est un cirque constitutionnel total qui se déroule en Guinée Bissau devant les yeux de spectateurs de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Le président voyageur et narco-trafiquant, Umaru Cissoko Embalo, a déclaré qu’il se maintiendra au pouvoir jusqu’en septembre 2025. Alors que son mandat prend officiellement fin dans un peu plus d’un mois, le 27 février prochain, l’ancien général indique indirectement que seule la force pourra le déloger du fauteuil présidentiel à ladite date.
Une mission de la CEDEAO avait pourtant été dépêchée le mois dernier afin de le raisonner. Mais, au regard du calendrier électoral qu’il a lui-même récemment annoncé, on se demande si cette échéance est le fruit d’une concertation avec la délégation du Bloc ouest-africain et l’opposition bissau-guinéenne. Cela semble improbable puisque celle-ci soutient qu’Umaru Cissoko Embalo a jusqu’au 27 février pour organiser le scrutin présidentiel et s’en aller.
En fixant le scrutin présidentiel à septembre prochain, Embalo espère dégager suffisamment de temps pour organiser des élections législatives, et ainsi récupérer la mainmise sur le parlement perdue lors de celles de 2023, au profit du principal parti d’opposition de Domingos Simoes Pereira (notre photo en une). Désemparé, de ce fait, à l’idée d’une défaite certaine aux prochaines élections présidentielles, il a décidé de prendre en otage l’appareil institutionnel de son pays.
Malgré l’ampleur de ses manœuvres, rares sont les critiques qui filtrent à l’exception de la couverture médiatique effectuée par Afrique Education. Très embarrassée, la CEDEAO est dépassée par la situation qu’elle a laissée pourrir avant de s’y pencher. Le feuilleton de cette histoire de la vie politique bissau-guinéenne se poursuivant, nous verrons bien ce que se passera le lendemain de la date d’expiration constitutionnelle du mandat d’Umaru Cissoko Embalo.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)